Des manifestations pro-démocratie
Suite aux discussions liées à l’amendement de la loi d’extradition vers la Chine en février dernier – très polémique pour certains, qui craignent une perte de souveraineté de la région face à l’autoritarisme du Parti communiste chinois (PCC) – des manifestations ont progressivement gagné en ampleur pour atteindre en juin des dimensions comparables à la “révolution des parapluies” de 2014. A l’époque, les Hongkongais avaient manifesté contre le projet du gouvernement chinois de limiter la portée du suffrage universel pour l’élection du chef de l’exécutif de la région autonome.
Le 16 juin 2019, près de 2 millions de citoyens hongkongais ont participé à la plus grande manifestation de l’histoire de la région contre la loi d’extradition.
Malgré la décision de Carrie Lam, cheffe exécutive de Hong Kong, de paralyser la loi le 8 juillet, les manifestants continuent à battre le pavé chaque weekend. Ils exigent notamment l’annulation complète de la loi d’extradition, la démission immédiate de Carrie Lam, l’ouverture d’une enquête indépendante sur les violences policières et plus de démocratie pour l’île-Etat.
En 1993, la région administrative spéciale de Hong Kong représentait 27 % du PIB chinois contre 2,9 % en 2017.
La Chine : entre répression et dialogue
En pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis de Donald Trump, les autorités chinoises veulent éviter à tout prix de devenir le point de mire du reste du monde. L’incapacité de gérer les manifestations pourraient remettre en cause le nouveau rôle de puissance mondiale auquel aspire la Chine. De plus, le massacre de Tiananmen et les répercussions internationales qui ont suivi hantent toujours l’esprit des dirigeants chinois.
Pourtant, les autorités ont vite haussé le ton face aux manifestants en multipliant les effectifs de police anti émeutes. D’ailleurs, les hostilités se multiplient entre l’île et le continent : les médias de l’Etat chinois ont multiplié les appels à boycotter des entreprises soupçonnées de soutenir les manifestants pro-démocratie.
Hong Kong : une économie très dépendante de la Chine continentale
Depuis la fin des années 1980, le secteur du tourisme représente une part importante du PIB de la région. Cette importance s’est accentuée avec la rétrocession à la Chine en 1997 car depuis, Hong Kong est devenue une destination touristique très populaire pour les habitants de la Chine continentale. Hong Kong est désormais la ville la plus visitée au monde, avec 65,1 millions d’arrivées touristiques en 2018. Cependant, 78 % des touristes (51 millions) viennent de la Chine continentale selon les statistiques officielles. Une hausse des hostilités pourrait donc entraîner une diminution énorme des arrivées chinoises sur le territoire.
La crise politique affecte déjà l’économie Hongkongaise
Le ralentissement économique du territoire, qui a commencé au premier trimestre 2019, avec une baisse de la croissance – à cause de la guerre commerciale avec les Etats-Unis – de 4,6 % à 0,6 % en glissement annuel, risque de s’accentuer tout au long de l’année. La violence des confrontations entre la police et les manifestants a déjà eu un impact sur le tourisme en juillet selon l’office du tourisme de Hong Kong : diminution du nombre de visiteurs, chute des réservations de visites de groupe, baisse du taux d’occupation des hôtels… les statistiques indiquent des mauvais chiffres pour le secteur du tourisme, qui représente 5 % du PIB de l’île.
En outre, l’aéroport international de Hong Kong s’est vu contraint à annuler tous les vols prévus pour la journée du 12 et 13 août face à l’occupation de 5 000 manifestants qui protestent contre les violences policières. L’annulation des vols d’un des aéroports les plus fréquentés au monde pourrait avoir des conséquences très négatives sur l’économie du territoire si les sit-in se prolongent.
Néanmoins, l’ingérence du PCC sur la législation de l’île Etat risque à long terme de dégrader l’attractivité financière du territoire. De nombreuses multinationales occidentales choisissent d’y placer leur siège, protégées par un système juridique indépendant fondé sur le Common Law anglais. Ceci pourrait changer si les autorités continuent à poursuivre l’homogénéisation de la législation de la ville avec celle du continent. D’autres places financières, notamment Singapour, pourraient alors remplacer le rôle de Hong Kong.
Les autorités pro-Pékin cherchent donc à apaiser les manifestations sans pour autant céder aux revendications mais la crispation et l’antagonisme opposent plus que jamais les deux camps.