Des crises économiques récurrentes
Alors que l’Argentine était un des pays les plus prospères du monde il y a un siècle, il connait depuis plusieurs décennies des crises à répétition.
Ces crises sont notamment dues à des changements brutaux de politique économique, qui font passer le pays d’une gestion très interventionniste (comme ça a été le cas avec les époux Kirchner jusqu’en 2015) à une approche résolument libérale (comme c’est le cas depuis l’élection de Maurico Macri en 2015).
Cette instabilité politique, couplée à une administration inefficace et à une faible diversification économique, conduit à des périodes d’euphories, puis à des paniques soudaines.
Le pays est en récession depuis plus d’un an, et le programme résolument libéral (retour sur les marchés financiers, fin du contrôle des changes, austérité budgétaire…) mis en place par Mauricio Macri depuis 2015 n’a pas porté ses fruits.
Dans ce contexte, la victoire du candidat de gauche Alberto Fernandez aux primaires a entraîné un plongeon du peso.
Les élections présidentielles se tiendront le 27 octobre 2019. Cependant, le système politique argentin impose la tenue de primaires (qui ont eu lieu le 11 août) qui permettent de définir les partis autorisés à se présenter aux élections présidentielles. Les primaires sont vues comme une bonne anticipation du résultat de l’élection présidentielle.
Les multiples maux de l’économie argentine
La croissance a été de – 2,5 % en 2018 et devrait rester négative en 2019. Le chômage est en hausse et atteint 10 % de la population active, les exportations ont été médiocres depuis 2017, le déficit courant atteignait 5 % du PIB l’an dernier, la dette publique a bondi de 57 % du PIB en 2017 à 86 % en 2018 et l’inflation, mal endémique de l’Argentine, atteint 40 % par an.
Dans ce contexte dégradé, la valeur du peso, baromètre de l’état d’esprit des investisseurs, ne pouvait que se déprécier : alors qu’un dollar valait environ 19 pesos en 2017, il en vaut désormais 55.
Cette dépréciation pose problème car, en renchérissant le coût des importations, elle alimente l’inflation, qui ronge le pouvoir d’achat, renforce l’instabilité financière et pousse les investisseurs à vendre leurs pesos, renforçant ainsi la crise dans un effet « boule de neige » difficile à freiner.
La bonne performance électorale d’Alberto Fernandez a renforcé la crainte des investisseurs car son courant politique, le péronisme, est hostile aux marchés financiers et pourrait instaurer des contrôles des changes et augmenter la probabilité d’un défaut sur la dette publique. C’est pourquoi le peso a perdu 20 % face au dollar suite à l’annonce des résultats. La bourse de Buenos Aires a quant à elle dévissé de 30 %.
Signe de la fébrilité ambiante, le ministre des Finances Nicolas Dujovne a démissionné ; il est remplacé par Hernan Lacunza, ministre de l’Économie de la province de Buenos Aires.
Quel que soit le vainqueur de l’élection présidentielle d’octobre, il aura fort à faire pour sortir l’économie argentine d’un marasme dont on peine pour l’instant à voir la fin.