Economie allemande : le spectre de la récession
Avec ses comptes publics excédentaires, un taux de chômage de 3,1 % et son gigantesque excédent commercial, l’Allemagne pourrait faire pâlir d’envie bien des pays. Pourtant, la croissance est en berne. Le PIB allemand s’était contracté de 0,2 % au troisième trimestre 2018 et a stagné au quatrième trimestre. Après un rebond de + 0,4 % au premier trimestre 2019, le PIB s’est à nouveau contracté au second trimestre (- 0,1 %). Les perspectives à court terme étant moroses, l’Allemagne pourrait bien entrer en récession.
Pour 2019, la croissance allemande devrait péniblement atteindre 0,5 %, soit nettement moins que la moyenne européenne (1,2 %).
Une récession se définit comme une contraction du PIB sur deux trimestres consécutifs. Une dépression désigne quant à elle une crise plus profonde et plus durable.
Cette mauvaise passe s’explique par la contraction de l’industrie, qui représente environ 20 % du PIB allemand (contre 12 % en France). Cet été, la production industrielle allemande reculait de 5 % sur un an.
C’est notamment l’automobile, fleuron de l’industrie germanique, qui souffre de la baisse des ventes. Alors que les ventes mondiales de voitures devraient décliner de 3 % en 2019, la production de voitures en Allemagne est en baisse de 11 % sur un an. De plus, les normes anti-pollution et l’essor de la voiture électrique pénalisent les constructeurs allemands, champions des grosses motorisations diesel.
D’une manière générale, toute l’industrie allemande, très tournée vers l’exportation, souffre du ralentissement chinois, de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump et de l’incertitude liée au Brexit.
Les perspectives économiques de l’Allemagne
Les difficultés économiques de l’Allemagne pourraient bien être durables. Premièrement, l’économie mondiale se tourne de plus en plus vers les services au détriment de l’industrie (une évolution particulièrement notable en Chine), ce qui est pénalisant pour l’Allemagne qui excelle dans l’automobile, la chimie et les machines-outils.
Deuxièmement, la démographie va de plus en plus pénaliser la croissance allemande. Après des décennies de faible natalité (1,59 enfants par femmes en 2019), la population en âge de travailler va décroître régulièrement dans les années à venir. Cette évolution devrait encore aggraver les difficultés d’embauche des entreprises et peser sur la consommation et l’investissement, les entreprises ayant moins d’incitation à investir puisque le nombre de consommateurs et de travailleurs est en déclin.
Enfin, l’Allemagne pourrait être pénalisée par la faiblesse chronique de l’investissement public. En effet, l’investissement public ne représente que 2,5 % du PIB allemand, contre 3 % en zone euro et plus de 3,5 % au Japon. Cela risque de se traduire par des infrastructures dégradées, d’où une faiblesse probable des gains de productivité.