La BCE ressort son « assouplissement quantitatif »
Depuis plusieurs mois, le ralentissement de la croissance en Europe (l’Allemagne a par exemple enregistré une contraction de 0,1 % de son PIB au second trimestre) et la faiblesse de l’inflation, qui reste en dessous de l’objectif de 2 %, avaient laissé supposer que la BCE assouplirait sa politique monétaire.
C’est désormais chose faite. La BCE a décidé d’abaisser son taux de dépôt de – 0,4 % à – 0,5 %. Cela signifie que, lorsque les banques placent leurs réserves excédentaires auprès de la BCE, elles doivent désormais payer un prix plus élevé puisque le taux de dépôt s’enfonce encore plus loin en territoire négatif. Cette mesure vise à inciter les banques à prêter aux ménages et aux entreprises plutôt qu’à conserver des réserves auprès de la BCE.
Chaque banque a un compte auprès de la banque centrale (de la même façon qu’un particulier a un compte auprès de sa banque). Les banques sont obligées de garder un certain montant sur ce compte, ce sont les réserves obligatoires. Elles peuvent conserver des montants supérieurs aux réserves obligatoires, on parle alors de réserves excédentaires. En faisant varier le taux appliqué à ces réserves excédentaires (le taux de dépôt), la banque centrale peut modifier le comportement des banques.
De plus, la BCE a annoncé qu’elle reprendrait la politique d’assouplissement quantitatif (aussi appelée quantitative easing, ou QE) après l’avoir arrêtée fin 2018. Le QE vise à faire acheter par la BCE des obligations d’État ou d’entreprises afin de faire baisser le taux d’intérêt auquel ceux-ci s’endettent. Ainsi, les emprunteurs peuvent se financer à moindre coût, ce qui est supposé les inciter à investir.
En achetant des obligations, la BCE fait augmenter leur cours, c’est la loi de l’offre et de la demande. Cette hausse du cours conduit à une baisse du taux d’intérêt, ces deux variables évoluant en sens contraire.
La politique monétaire est-elle encore efficace ?
L’efficacité des mesures annoncées par la BCE est cependant contestée. En effet, la baisse des taux et l’assouplissement quantitatif ont déjà été effectués ces dernières années en Europe, aux États-Unis et au Japon, avec des résultats incertains. Cette politique a certes donné un bol d’air aux emprunteurs, mais n’a pas généré de net rebond de l’investissement et de la croissance.
De plus, des taux d’intérêt toujours plus bas présentent des effets secondaires négatifs. Par exemple, la baisse des taux stimule les prix de l’immobilier, notamment dans les grandes villes, à tel point qu’un risque de bulle immobilière commence à poindre (c’est-à-dire un effondrement des prix à la suite d’une forte hausse qui pénaliserait les ménages lourdement endettés pour acheter leur maison).
Mario Draghi, en charge de la politique monétaire en zone euro, semble conscient des limites de la politique qu’il mène. En effet, il a incité les pays ayant des excédents budgétaires (notamment l’Allemagne) à augmenter leurs dépenses de façon à stimuler la consommation.
Cependant, le gouvernement allemand a présenté récemment un projet de budget pour 2020 ne prévoyant aucune hausse significative de dépenses. Pas sûr donc que l’action de la BCE remette la zone euro sur le chemin d’une croissance vigoureuse.