Jacques Chirac : un libéral modéré
Selon une classification simpliste, il est courant de considérer que les responsables politiques de droite sont libéraux (favorables au libre-marché) et ceux de gauche sont plutôt keynésiens, ou prônent une plus forte régulation de l’économie par l’État.
Jacques Chirac, homme de droite, serait donc un libéral selon la classification énoncée. Pourtant, par de nombreux aspects, il se révéla un détracteur du marché libre.
Par exemple, en 1978, Jacques Chirac se déclara hostile à l’entrée de l’Espagne dans l’Union européenne (il se mua plus tard en un défenseur de la construction européenne), argumentant que la concurrence des fruits et légumes espagnols nuirait aux agriculteurs français. Une prise de position hostile à une vision libérale de l’économie selon laquelle la concurrence internationale est positive puisqu’elle incite à réaliser des gains de productivité et qu’elle fait baisser les prix pour le consommateur.
Lors de sa campagne de 1995, Jacques Chirac se montra préoccupé par la « fracture sociale », c’est-à-dire les inégalités et le manque de mobilité sociale, des thèmes qui sont habituellement ceux de la gauche.
Par d’autres aspects, Jacques Chirac se montra plus fidèle aux idées traditionnellement attachée à son bord politique. Par exemple, lors de son passage à Matignon entre 1986 et 1988, il mène une vague de privatisations et supprime l’impôt sur les grandes fortunes.
De même, en 2006, il soutient le projet (avorté suite à une vague de manifestations) du contrat première embauche (CPE) qui visait à rendre plus flexible l’embauche des moins de 26 ans.
Quel bilan économique pour les années Chirac ?
Il est difficile de faire le bilan précis de l’action d’un responsable politique et son impact sur l’économie. En effet, de nombreuses mesures (éducation, recherche…) ne portent leurs fruits qu’à long terme, bien après la fin du mandat de celui qui les a mises en place. De plus, à court terme, la conjoncture est influencée par l’environnement international, sur lequel un responsable politique national n’a pas de prise.
Nous comparons néanmoins les performances économiques de la France avec des pays semblables (Allemagne et Royaume-Uni) pour tenter d’estimer l’efficacité de la politique économique de Jacques Chirac tout au long de ses mandats présidentiels (1995 – 2002).
Étant donné que, de 1997 à 2002, le socialiste Lionel Jospin était Premier Ministre, et donc aux commandes dans cette période de cohabitation, nous distinguons cette période dans nos comparaisons.
Dans l’ensemble, sur la période considérée, l’économie française a connu une performance inférieure à celle du Royaume-Uni et globalement comparables à l’Allemagne.