Pas de changements de cap majeur dans la politique budgétaire
Selon les prévisions du gouvernement, la croissance devrait être de 1,4 % en 2019 et de 1,3 % en 2020. Le déficit public devrait quant à lui baisser de 20 milliards d’euros, et ainsi représenter 2,2 % du PIB l’an prochain (contre 3,1 % du PIB en 2019). La dette publique rapportée au PIB sera pratiquement stable l’an prochain (98,7 % du PIB en 2020 contre 98,8 % en 2019).
Cette baisse du déficit tient principalement au caractère exceptionnel, en 2019, de la transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en allègements de charges.
Les prélèvements obligatoires devraient diminuer de 10,2 milliards d’euros l’an prochain. Ce sont principalement les ménages qui bénéficieront des baisses d’impôts, notamment via la baisse de l’impôt sur le revenu et de la taxe d’habitation. A l’inverse, la fiscalité sur le tabac augmentera de 500 millions d’euros.
Selon le projet de loi de financement de la sécurité sociale, le déficit de la sécurité sociale est attendu à 5,1 milliards d’euros en 2020, soit une très légère diminution par rapport à 2019 (5,4 milliards d’euros de déficit) mais nettement plus élevé qu’en 2018 (1,2 milliard d’euros de déficit).
Le moment n’est-il pas opportun pour faire de la relance budgétaire ?
Les mesures annoncées pourraient légèrement stimuler la consommation des ménages (notamment grâce à la baisse de l’impôt sur le revenu et la suppression de la taxe d’habitation pour certains ménages), mais ne sont pas de nature à modifier sensiblement la croissance française.
Pourtant, alors que les taux d’intérêts sont négatifs (autour de – 0,27 % début octobre pour l’échéance à 10 ans des OAT), il pourrait être judicieux de lancer des mesures de stimulation budgétaire. En effet, les investisseurs paient l’État pour lui prêter de l’argent, le moment semble donc opportun pour lancer des investissements publics (transition énergétique, infrastructures, recherche…).
Par exemple, Olivier Blanchard, ancien chef économiste du FMI, s’est déclaré favorable à une hausse des déficits publics pour financer des investissements. Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, a tenu des propos similaires, quoique de manière plus nuancée : les banques centrales ont abaissé leurs taux très fortement et peuvent difficilement faire plus pour stimuler l’économie, c’est donc aux États de dynamiser la croissance via des investissements publics.
Une hausse des dépenses publiques semble d’autant plus justifiée que la croissance mondiale patine. Dans une conjoncture qui s’annonce de plus en plus morose, une stimulation budgétaire devient plus pertinente.
Cependant, certains économistes préconisent de prendre garde à toute hausse de la dette publique malgré les taux négatifs, comme l’explique François Ecalle dans sa note Faut-il renoncer à réduire la dette publique quand les taux d’intérêt sont très faibles ?. En effet, une hausse des taux d’intérêt dans le futur mettrait en péril la soutenabilité de la dette publique si celle-ci augmentait trop rapidement pendant la période de taux bas.
L’endettement d’un État diffère de l’endettement d’un ménage puisque l’État a, en théorie, une durée de vie illimitée. De ce fait, un État en déficit rembourse ses dettes en réempruntant le montant à rembourser (on parle alors de refinancement de la dette). Autrement-dit, la dette contractée aujourd’hui à un taux négatif devra être refinancée dans le futur. Si, à cette date future, les taux ont augmenté, l’État contractera une nouvelle dette à un taux plus élevé. Si la dette à refinancer est très élevée, et si les taux augmentent fortement, la soutenabilité de la dette publique peut être compromise.