Lundi 14 novembre 2019, les économistes Esther Duflo, son mari Abhijit Banerjee, et Michael Kremer, ont remporté le prix Nobel d’économie. Ils travaillent essentiellement sur la réduction de la pauvreté dans le monde et font partie du « Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab » (J-PAL, laboratoire d’action contre la pauvreté) créé en 2003 par Esther Duflo, Abhijit Banerjee et Sendhil Mullainathan.
Prix Nobel 2019 : qui sont-ils ?
Esther Duflo
Esther Duflo est une économiste franco-américaine.
Elle est passée par l’Ecole normale supérieure de Paris et devenue depuis professeure au Massachusetts Institute of Technology (MIT), un institut de recherche et une université américaine très réputés.
En obtenant ce prix de la Banque de Suède, elle en devient, à 46 ans, la plus jeune lauréate. C’est la seconde femme à devenir prix Nobel d’économie, à la suite d’Elinor Ostrom, primée en 2009. Enfin, Esther Duflo est la quatrième française à décrocher le prix, après Gérard Debreu (1983), Maurice Allais (1988) et Jean Tirole (2014).
En 2010, elle reçoit la médaille John Bates Clark qui récompense les économistes de moins de quarante ans dont les contributions aux sciences économiques sont significatives. C’est le second prix le plus important en économie après le prix Nobel. Elle a aussi été choisie par Barack Obama pour intégrer le Comité pour le développement mondial en 2013, preuve de son influence à l’échelle internationale.
« Je suis honorée. Pour être honnête, je ne pensais pas qu’il était possible de gagner le Nobel aussi jeune. » – Esther Duflo.
Abhijit Banerjee
La plus jeune lauréate est accompagnée de deux autres dont son époux, un économiste indo-américain, Abhijit Banerjee, qui travaille sur des sujets similaires et au sein du même institut. Récompensé lui aussi à de nombreuses reprises, il a été désigné comme l’un des 100 penseurs les plus influents au monde en 2011.
Né en Inde, il est seulement le second prix Nobel d’économie non occidental (le premier étant Amartya Sen en 1998). Le couple insuffle donc un brin de renouveau dans l’univers des Nobel d’économie auquel est souvent associé le manque de diversité. « Le portrait-robot du Nobel d’économie, c’est plus de 55 ans, blanc, plutôt américain », souligne le journaliste Emmanuel Lechypre.
Michael Kremer
Troisième spécialiste du développement primé, Michael Kremer est actuellement professeur à l’université de Harvard. Il travaille sur l’éducation, la santé, l’eau et l’agriculture dans les sociétés en développement. Durant les années 1990, il démontrait l’utilité des expérimentations pour améliorer les résultats scolaires des enfants au Kenya.
Des prix Nobel sur le terrain
« Nous croyons fermement que les connaissances des économistes peuvent et doivent guider les décideurs dans l’élaboration des politiques. » – Esther Duflo et Abhijit Banerjee
L’approche expérimentale rapproche ces trois personnalités pour qui l’économiste n’est pas seulement un scientifique qui ne sort pas de son laboratoire. Au contraire, il se doit d’être sur le terrain, d’expérimenter auprès des humains et pas seulement sur des ordinateurs. A partir des résultats obtenus, le chercheur peut ainsi identifier les problèmes et les possibles solutions à ces derniers afin d’aiguiller les politiques pour réduire le fléau qu’est la pauvreté.
« Les recherches menées par les lauréats de cette année ont considérablement amélioré notre capacité à lutter contre la pauvreté dans le monde. En deux décennies seulement, leur nouvelle approche basée sur l’expérience a transformé l’économie du développement » – Communiqué du comité du prix Nobel d’économie.