Origine et fonctionnement du franc CFA
Le franc CFA a été créé en 1945, à la suite des accords de Bretton Woods. Il signifiait historiquement « franc des colonies françaises d’Afrique » puis, suite à la décolonisation, l’acronyme a été modifié pour désigner soit le « franc de la Coopération financière en Afrique » ou le « franc de la Communauté financière africaine ».
En effet, même si dans le langage courant on parle « du » franc CFA au singulier, il existe en réalité deux monnaie distinctes (qui présentent cependant de nombreuses similitudes).
D’une part, le franc CFA de la Communauté financière en Afrique est la devise officielle des huit États membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
D’autre part, le franc CFA de la Coopération financière en Afrique centrale est la devise officielle des six États membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), à savoir le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine, la République du Congo, et le Tchad.
Dans ces deux zones, une banque centrale est chargée de conduire la politique monétaire :
- la Banque des Etats d’Afrique de l’Ouest pour l’UEMOA, qui siège à Dakar,
- la Banque des Etats d’Afrique centrale pour la CEMAC, qui siège à Yaoundé.
Même s’il existe deux francs CFA, leur fonctionnement est semblable. Les pays utilisant le franc CFA doivent déposer la moitié de leurs réserves de change auprès du Trésor français (qui reverse les intérêts perçus sur le placement de ces réserves à leurs détenteurs), en échange de quoi celui-ci garantit la convertibilité du franc CFA à une parité fixe vis-à-vis de l’euro.
Quels sont les avantages et inconvénients du franc CFA ?
Le franc CFA est critiqué pour le symbole qu’il représente. En effet, il s’agit d’un vestige de la colonisation qui, selon ses détracteurs, est un prolongement de la domination française en Afrique.
De plus, la parité fixe à l’euro et l’obligation de déposer la moitié des réserves de change auprès du Trésor français prive les pays africains de leur souveraineté monétaire.
Enfin, la parité fixe à l’euro fait du franc CFA une monnaie plutôt forte et empêche la dévaluation. De ce fait, les pays utilisant le franc CFA ne peuvent pas utiliser l’outil de la « dévaluation compétitive » qui consiste pour un pays à déprécier la valeur de sa monnaie pour rendre les exportations plus compétitives.
Cependant, le franc CFA présente l’avantage significatif d’éviter les crises de change. En effet, alors que de nombreux pays en développement sont régulièrement touchés par des crises de change (comme la Turquie et l’Argentine dernièrement), la parité entre l’euro et le franc CFA est garantie par le Trésor français.
De ce fait, les pays utilisant le franc CFA ne peuvent pas se retrouver à court de devises fortes, ce qui représente habituellement un risque de crise élevé pour les pays pauvres.
Une crise de change est une situation dans laquelle un pays ne dispose pas de suffisamment d’entrées de devises étrangères (via des exportations ou des investissements étrangers entrants) pour maintenir la valeur de sa monnaie.
Dans ce cas, comme la monnaie du pays en question est peu demandée par les autres pays, sa valeur chute sur le marché des changes.
De plus, la stabilité du taux de change et la valeur élevée du franc CFA diminuent le coût des importations, ce qui permet de limiter l’inflation.
Vers une évolution du franc CFA ?
Le franc CFA est régulièrement critiqué comme étant une violation de la souveraineté des pays africains les empêchant de conduire une politique monétaire autonome. Cependant, la stabilité procurée par le Trésor français a jusqu’ici incité les pays concernés à conserver le fonctionnement actuel du franc CFA.
La situation pourrait cependant évoluer prochainement. Par exemple, le président du Bénin Patrice Talon a annoncé début novembre qu’il souhaitait rapatrier les réserves de change se trouvant en France, sans toutefois donner de précisions sur la date d’une telle opération.
Ce rapatriement des devises pourrait en retour mettre fin à la garantie de convertibilité accordée par le Trésor français et, éventuellement, conduire à une dévaluation du franc CFA.
De plus, un projet de monnaie africaine est actuellement en discussion. Il s’agit de l’Eco, une monnaie unique pour quinze pays d’Afrique de l’ouest (le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo).
La création de l’Eco, prévue en 2020, entraînerait mécaniquement la disparition du franc CFA. Cependant, peu d’informations ont été données sur le fonctionnement concret de cette monnaie, il est possible que son lancement soit retardé, voire annulé.