La bataille gagnée contre l’inflation
Économiste réputé ayant travaillé dans le secteur privé et public des années 1950 aux années 1970, Paul Volcker est nommé à la tête de la Réserve fédérale, la banque centrale des États-Unis, en 1979.
À cette époque, le problème principal était l’inflation, qui semblait incontrôlable. En 1981, l’inflation aux États-Unis culminait à 13,5 %. Pour la faire baisser, Volcker utilise une stratégie radicale : la hausse drastique du taux directeur, qui passe de 11 % en 1979 à 20 % deux ans plus tard. Le résultat est immédiat : l’inflation n’est plus que de 3,2 % en 1983.
Cependant, cette victoire contre l’inflation a un coût : une récession en 1982 et une hausse du chômage jusqu’à plus de 10 %. En effet, en augmentant les taux d’intérêt, Paul Volcker renchérit le crédit et freine l’activité économique.
Puis, en maintenant les taux élevés alors que l’économie est en récession, il signale que son objectif essentiel est la lutte contre l’inflation, et qu’il est prêt pour l’atteindre à sacrifier la croissance et l’emploi. Ainsi, l’ensemble des agents économiques anticipent que l’inflation sera faible et, comme l’inflation présente une forte composante auto-réalisatrice, elle ralentit sensiblement.
Si les agents économiques anticipent une forte inflation, les commerçants augmentent leur prix et les salariés réclament des hausses de salaires, ce qui alimente l’inflation. À l’inverse, si les agents n’anticipent pas d’inflation, les revendications salariales sont plus modérées, ce qui freine l’inflation. Il y a donc une forte composante auto-réalisatrice dans le niveau d’inflation.
De plus, la politique de taux élevés menée par Paul Volcker a eu des répercussions sur les pays émergents, notamment en Amérique latine. En effet, si les taux sont plus élevés aux États-Unis, les investisseurs sont incités à y placer leur fonds.
De ce fait, les investisseurs quittent les pays émergents, cette fuite des capitaux entraînant un effondrement du taux de change. Les crises au Chili ou au Mexique du début des années 1980 sont, entre autres, dues à la politique monétaire de Paul Volcker.
Une autre bataille : la réglementation
Paul Volcker a exercé diverses fonctions d’économiste suite à son départ de la Réserve fédérale. Après la crise de 2008, il s’est montré très critique envers le système financier américain qui, selon lui, n’était pas correctement régulé.
Il a notamment conseillé Barack Obama et a été l’initiateur d’une réglementation appelée la « Volcker rule » qui vise à freiner les investissements spéculatifs des banques ainsi que leurs conflits d’intérêts potentiels puisqu’elles conseillent leurs clients d’une part, et investissent pour elles-mêmes sur des produits similaires d’autre part.
Chaque été se tient à Jackson Hole, dans le Wyoming, une série de conférences de haut niveau sur les questions financières et monétaires. Cette vallée reculée des États-Unis aurait été choisie lors de la première rencontre, en 1982, pour satisfaire la passion de Paul Volcker pour la pêche à la mouche, les rivières de la région étant particulièrement poissonneuses…