Pétrole : le coronavirus bride la demande
L’or noir était sous pression depuis plusieurs semaines du fait de l’épidémie de coronavirus. La paralysie partielle de l’économie chinoise, la chute du trafic aérien et la propagation du virus au reste du monde ont fait baisser la demande de pétrole.
En effet, la Chine est le plus gros importateur mondial de pétrole, et contribue à 80 % de la hausse de la demande mondiale. Selon des chiffres provisoires, la demande chinoise de pétrole aurait baissé de 20 %.
Du fait de la crise du coronavirus, l’Agence Internationale de l’Énergie estime que la demande mondiale de pétrole devrait se contracter légèrement cette année, une première depuis 2009.
Crise entre l’Opep et la Russie
Vendredi 6 mars, l’Opep se réunissait à Vienne avec la Russie en vue de parvenir à un accord pour soutenir les prix. Comme cela s’était déjà fait ces dernières années, les pays de l’Opep et la Russie étaient supposés baisser conjointement leur production, pour faire face à la baisse de la demande mondiale de brut. Aucun accord de réduction de la production n’ayant été trouvé, le cours du pétrole a plongé de 9 % vendredi dernier.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) regroupe les principaux producteurs de pétrole du Moyen Orient, ainsi que des pays d’Afrique (Nigeria, Angola…) et d’Amérique latine (Venezuela). L’Opep représente environ 30 % de la production mondiale de pétrole (un chiffre en baisse régulière), c’est pourquoi le cartel cherche parfois à coordonner son action avec la Russie.
A la suite du refus de la Russie de baisser conjointement sa production pour soutenir les prix, l’Arabie Saoudite a annoncé qu’elle allait augmenter la sienne. En effet, si un seul pays freine sa production, il subit une double peine : une moindre production et des prix malgré tout en baisse puisque l’action d’un seul pays est insuffisante pour soutenir les cours.
En l’absence d’accord, comme c’est le cas actuellement, chaque pays a intérêt à jouer une stratégie solitaire et donc à augmenter sa production, ce qui fait mécaniquement plonger les cours.
Des considérations stratégiques et géopolitiques entrent aussi en ligne de compte sur le marché du pétrole. Par exemple, les Saoudiens peuvent chercher à asphyxier les producteurs de pétrole de schiste américains avec des prix bas. La chute des cours pénalise également l’Iran (déjà frappé par l’embargo américain et l’épidémie de coronavirus), ennemi juré de l’Arabie Saoudite.