Un niveau historique du déficit public
L’activité économique devrait reculer de près de 11 % en France en 2020 et non 8 % comme prévu il y a quelques semaines
L’aggravation de l’estimation de la récession causée par la pandémie de Covid-19 a rendu nécessaire une nouvelle évaluation de son impact sur les finances publiques.
Estimé à 9 % dans le deuxième projet de loi de finances rectificative (PLFR), le déficit public pour l’année 2020 devrait s’établir à 11,4 % du PIB, selon une nouvelle prévision présentée mardi 2 juin par Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics.
Un niveau jamais vu depuis la création de l’INSEE en 1946 ! Preuve de la violence du choc subi par l’économie et de l’ampleur des mesures de soutien à l’économie, le niveau estimé du déficit public dépasse, de loin, celui qu’a connu la France au cours de crises précédentes. Suite à la récession de 1993, le déficit s’est établi à 6,4 % du PIB. Et même après le déclenchement de la crise de 2008, pourtant sans doute la plus grave depuis 1929, les déficits publics n’ont atteint « que » 7,2 % en 2009 et 6,9 % en 2010.
Causes de l’aggravation du déficit public
L’aggravation prévue du déficit public est la conséquence directe de la récession causée par la pandémie de Covid-19. Celle-ci pèse en effet sur les deux composantes du solde budgétaire : elle réduit les recettes de l’État, d’une part, et provoque une augmentation des dépenses publiques, d’autre part.
Inévitable baisse des recettes fiscales
Tout d’abord, l’État subit une diminution de ses ressources proportionnelles à l’activité économique. Conséquence de la consommation atone au cours du confinement, les recettes de TVA ont ainsi chuté de plus de 11 milliards d’euros par rapport à la fin avril 2019.
Autre exemple : le report des échéances fiscales a amputé les recettes d’impôt sur les sociétés de près de 4 milliards d’euros.
Dépenses publiques en forte hausse
Dans le même temps, les dépenses publiques ont fortement augmenté pour pallier le recul de la dépense privée et atténuer l’impact de la crise. L’exécutif multiplie, dans ce contexte, les plans de soutien aux secteurs les plus touchés par la crise de Covid-19, comme l’industrie automobile et le tourisme.
Autre mesure coûteuse pour l’État, mais indispensable pour l’économie : le chômage partiel.
Selon le deuxième PLFR, les mesures de chômage partiel coûteraient 24 milliards d’euros, un montant très probablement sous-estimé et qui devrait être rectifié dans un troisième PLFR. Ainsi, pendant cette crise, plus que jamais, le budget de l’Etat joue à plein son rôle contra-cyclique.
On parle de stabilisateurs automatiques pour désigner la capacité des finances publiques à atténuer l’impact des chocs conjoncturels sur l’activité économique.