Zone franc en UMOA : principaux points du projet de loi
Le projet de loi adopté en Conseil des Ministres le 20 mai 2020 fait suite à l’accord de coopération monétaire signé le 21 décembre 2019 entre la France et les Éats membres de l’UMOA. Cet accord visait notamment à réformer et à moderniser le fonctionnement de la Zone franc en UMOA, tout en tenant compte des critiques adressées au franc CFA, notamment accusé d’être le symbole d’une résurgence de la domination française en Afrique.
Créée en 1962, la zone monétaire de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) regroupe huit pays : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
Le projet de loi adopté en Conseil des Ministres présente trois changements principaux. Tout d’abord, jugée trop proche de sa signification historique « franc des colonies françaises d’Afrique », l’appellation « franc CFA » (actuellement, pour « franc de la communauté financière d’Afrique ») disparaît. Le 1er juillet 2020, la monnaie unique de l’UMOA deviendra l’ECO.
Le projet de loi prévoit, ensuite, la fin de l’obligation de dépôt de la moitié des réserves de change de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) auprès du Trésor français. Ainsi, la BCEAO sera libre de placer ses réserves de change où elle le souhaitera.
Enfin, ce projet de loi supprime la représentation française au sein des instances dirigeantes de la BCEAO.
Quelles conséquences pour les pays de l’UMOA ?
A court terme, le passage du franc CFA à l’ECO ne devrait pas avoir de conséquences majeures sur la stabilité monétaire de l’UMOA. En effet, la parité fixe à l’euro, ainsi que sa garantie de convertibilité seront toujours assurées par la Banque de France.
La valeur du franc CFA est actuellement fixée à 1 euro = 655,96 francs CFA.
On retrouvera donc avec l’ECO les mêmes avantages et inconvénients que le franc CFA. Ses défenseurs mettront en avant un faible risque de crise de change et une inflation modérée. En effet, l’UMOA continuera de jouir des avantages d’être associée à une monnaie « forte », l’euro, qui rend ses importations relativement moins coûteuses. Ainsi, le pouvoir d’achat des consommateurs des pays membres de l’UMOA bénéficie d’un tel système. A l’opposé, les détracteurs de ce système de parité fixe à l’euro insisteront sur le fait qu’il prive les pays de l’UMOA de leur souveraineté monétaire et en particulier de l’instrument de la dévaluation compétitive. Arrimés ainsi à l’euro, il ne leur est plus possible d’abaisser la valeur externe de leur monnaie, afin de stimuler les exportations et de décourager les importations, ce qui permettrait d’encourager la production locale.
Des économistes avancent enfin qu’à long terme, cette réforme du franc CFA pourrait retarder la mise en œuvre du projet d’intégration monétaire entre les 15 pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Projet dont les prémisses remontent aux années 1960, il vise à doter les pays de la CEDEAO d’une monnaie unique, afin de faciliter les échanges commerciaux et l’intégration économique de la région. La création de cette monnaie unique, également baptisée « eco », était initialement prévue pour le 1er juillet. Le danger est alors de voir se perpétuer les deux zones monétaires distinctes, d’autant plus que certains pays, comme le Ghana, ont d’ores et déjà exprimé leur préférence pour un système de change flexible.
Fondée en 1975, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) regroupe 15 pays d’Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et Togo.
Cette organisation intergouvernementale vise à renforcer la coopération et l’intégration économique de ces pays d’Afrique de l’Ouest. Son objectif à terme est la création d’une union économique et monétaire dans laquelle une monnaie unique, « l’eco », remplacerait les 8 monnaies actuellement en circulation.