Récession mondiale à l’ampleur différenciée selon les régions du globe
La Banque mondiale prévoit qu’une récession touchera près de 92 % des pays du globe en 2020. Il s’agit d’une situation totalement inédite à cette échelle pour cette statistique, construite rétrospectivement depuis 1870.
Le précédent record remonte à 1931, année au cours de laquelle 84 % des économies de la planète avaient traversé une récession, conséquence de la crise débutée à Wall Street en 1929 et qui s’est ensuite propagée au reste du monde dans les années 1930.
Le recul de l’activité économique mondiale devrait, selon les estimations de la Banque mondiale, s’établir à 5,2 % en 2020. Ce chiffre cache des destins contrastés. Là où les économies avancées devraient connaître une récession brutale – -9,1 % pour la zone euro et -6,1 % pour les Etats-Unis et le Japon –, certains pays émergents pourraient davantage résister à l’onde de choc.
Ainsi, la Banque mondiale prévoit une baisse de l’activité de 2,7 % et 2,8 % respectivement en Asie du Sud et pour les pays d’Afrique subsaharienne. Les pays d’Asie de l’Est et du Pacifique constituent la seule exception à ce tableau noir : tiré par une (faible) croissance chinoise, la zone devrait connaître une croissance de 0,5 % en 2020.
Tour du monde en trois étapes : Chine, Mexique et Afrique du Sud
Ces estimations agrégées renferment des réalités, parfois bien différentes, selon les pays considérés. Gros plan sur trois économies émergentes majeures : la Chine, le Mexique et l’Afrique du Sud !
En Chine, vers la croissance la plus faible depuis 1976
La Chine est l’une des rares économies qui ne devrait pas subir de récession. La Banque mondiale prévoit une croissance de 1 % pour l’année 2020. Il s’agit toutefois du plus faible taux de croissance enregistré en Chine depuis la mort de Mao Zedong en 1976. La prévision précédente de la Banque mondiale pour l’année 2020 faisait état d’une croissance de 5,9 %. Comment expliquer cette différence ? Epicentre de l’épidémie de Covid-19, la Chine a tout d’abord été l’un des premiers pays à adopter des mesures de confinement. Certains secteurs d’activité et régions économiques ont ainsi été totalement paralysés à partir du mois de février. Outre les mesures de confinement, le ralentissement de l’activité en Chine s’explique également par le recul de la demande globale, sur laquelle le pays tire sa croissance, depuis de nombreuses années. Enfin, le rapport de la Banque mondiale souligne les difficultés de financement de nombreuses entreprises industrielles locales.
Au Mexique, le contrecoup de la récession américaine
Le Mexique devrait voir son PIB reculer de 7,5 % en 2020, alors que la prévision initiale de croissance était de 1,2 %. En cause : la forte dépendance internationale du pays et notamment envers les Etats-Unis, son premier partenaire commercial. La récession américaine pèse en effet sur l’activité mexicaine directement, via une baisse des exportations, et indirectement, du fait de la diminution des envois de fonds des travailleurs mexicains installés aux Etats-Unis. Depuis le déclenchement de la pandémie de Covid-19, le Mexique a subi une forte diminution de ses exportations et de ses revenus pétroliers et liés au secteur du tourisme. En l’absence d’un plan de relance digne de ce nom – les mesures budgétaires n’atteignent que 0,6 %, soit bien moins que pour le Guatemala voisin, la Jamaïque ou encore Haïti –, ce sont les exportations qui devraient tirer la reprise économique mexicaine en 2021.
En Afrique du Sud, la récession la plus grave depuis un siècle
Estimé à 7,1 %, le recul de l’activité économique en Afrique du Sud constitue la pire récession depuis un siècle. La Banque mondiale prévoyait initialement pour le pays une croissance de 1,1 % pour l’année 2020. Alors que l’Afrique du Sud a été particulièrement touchée par la pandémie de Covid-19, le pays a dû mettre en œuvre des mesures particulièrement drastiques de confinement. Ces dernières ont plongé le pays dans la récession dès la première moitié de l’année 2020. La Banque mondiale apparaît, cependant, plus optimiste pour l’année 2021, notamment du fait de mesures budgétaires d’un montant équivalent à 10 % du PIB. L’institution mise en effet sur une croissance de 2,9 % l’année prochaine.