Le marché de la forêt reste dynamique en France, avec des échanges toujours en hausse, même si les prix accusent un léger repli : le prix d’un hectare d’une forêt non bâtie est de 4 190 euros en 2019, en baisse par rapport à 2018 (- 1,1 %).
Les principaux investisseurs en forêt restent les personnes morales privées mais les groupements forestiers d’investissement (GFI) se multiplient.
Les niveaux de transactions sont de plus en plus élevés, notamment sur le marché des petites forêts (1 à 10 ha).
Tels sont quelques-uns des enseignements de l’Indicateur 2020 du marché des forêts en France, présenté début juin par la Société Forestière, filiale de la Caisse des dépôts, et la Fédération nationale des sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer).
La forêt, un placement atypique
L’investissement forestier est considéré comme un investissement « atypique », comme l’achat d’or, de vins, ou d’œuvres d’art. Si l’achat d’une parcelle de forêt permet de diversifier son patrimoine, cela réclame cependant une bonne connaissance du contexte financier et fiscal de l’investissement forestier. Le rendement est peu élevé et le produit peu liquide : acheter une forêt s’inscrit dans une stratégie à long terme.
Toute société commercialisant des placements atypiques doit être enregistrée auprès de l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) pour pouvoir exercer. Cependant, cet enregistrement ne signifie pas que les produits proposés par cette société ne comportent pas de risques (Placements atypiques : redoublez de vigilance !).
Baisse de -1,1 % du prix moyen d’une forêt non bâtie en 2019 : 4 190 euros/ha
En 2019, le prix moyen d’un hectare de forêt non bâtie a cédé 1,1 % (contre une hausse de 3,3 % en 2018), les prix minimaux et maximaux baissant tous les deux également : 620 € et 12 470 €, contre 670 € et 12 730 € en 2018.
Les raisons de cette baisse sont à la fois le repli du prix du bois (-11,3 % en 2019) et la baisse du prix des forêts de l’Est de laFrance (sécheresse et épidémie de scolytes (petit coléoptères) causent depuis cinq ans un profond dépérissement). En revanche, les prix dans l’ouest et le sud-ouest poursuivent leur hausse. Le Massif central cède 2,7 % et présente les prix des forêts les moins élevés.
Au total, si le prix moyen à l’hectare est en léger repli, les fortes variations régionales reflètent aussi la grande diversité du marché des forêts.
Augmentation du nombre de transactions en 2019 : + 6,3 %
La poursuite du nombre de transactions se confirme : en 2019, le marché a enregistré + 6,3 % avec 20 280 nouvelles transactions (contre 19 080 en 2018).
L’indicateur 2020 observe que depuis le creux de 2009 consécutif à la crise financière, la progression des transactions depuis 2009 est de + 55 %. Cette progression est générale pour toutes les régions forestières du territoire : elle est même de + 127 % dans l’ouest et + 54 % dans le Massif central.
En hausse de 4,9 % par rapport à 2018, la valeur du marché des forêts s’établit en 2019 à 1,68 milliard d’euros, les forêts non bâties représentant un tiers du total du marché (553 millions d’euros).
Accélération des ventes sur les petites forêts (1 à 10 ha) : + 6,2 %
La dynamique haussière entamée en 2010 sur le segment des petites forêts porte la progression du nombre de transactions en 2019 à + 6,2 % (17 860 transactions de petites forêts en 2019), représentant 88 % des transactions et 36 % des surfaces du marché.
Cette demande continue des petites parcelles boisées s’explique selon l’Indicateur 2020 par la recherche par les investisseurs de réaliser un placement alors que les taux des produits financiers restent peu attractifs. Il y a aussi parmi les motivations le fait de disposer d’un usage de loisir ou d’un approvisionnement en bois de chauffage.
Sur le marché des forêts de plus de 100 ha, les ventes sont aussi en hausse avec 80 nouvelles transactions pour 17 100 ha.
Les personnes morales privées, premiers investisseurs des forêts
Avec 54 000 ha en 2019, les personnes morales privées (agricoles, forestières ou institutionnelles) augmentent leurs acquisitions de 16 % et consolident leur première place d’acquéreurs, avec 39 % du total de la surface du marché des forêts. Cette catégorie se place devant celle des particuliers non agricoles, en repli de 2 % (44 500 ha, 32 %).
Mais de plus en plus de personnes physiques constitueraient selon l’Indicateur 2020 des groupements forestiers d’investissement (GFI) dans le but de constituer un patrimoine forestier diversifié tant au plan géographique que des essences. En effet, sur longue période, cet Indicateur note à une évolution croisée :
- la diminution des acquisitions des personnes physiques non agricoles (quoiqu’encore très majoritaire),
- et la progression des acquisitions des personnes morales privées (agricoles, forestières…) en particulier en nombre de transactions et en surface.
Enfin, les institutionnels, pour qui la forêt permet de longue date une diversification des placements, renforcent leur présence face à la faiblesse conjoncturelle des taux financiers.