Une définition statistique et relative de la richesse
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la notion de richesse pour un individu ne connaît pas de définition fixe.
Doit-on considérer comme riches les 10 % des individus disposant des revenus les plus élevés ? Les 5 % ? Les 1 % ? Par analogie avec la définition du seuil de pauvreté (60 % du revenu médian), l’Observatoire des inégalités définit la richesse par rapport au niveau de vie médian : est riche tout individu gagnant plus de deux fois ce niveau de vie médian en France, c’est-à-dire 3 470 euros net par mois, ou toute personne disposant d’un patrimoine plus de trois fois supérieur au patrimoine médian des Français, soit 490 000 euros d’actifs.
La définition adoptée par l’Observatoire des inégalités vise ainsi à compléter l’approche traditionnelle développée par l’INSEE. L’institut de statistique publique ne définit, en effet, la richesse qu’à partir de l’appartenance d’un individu au groupe des 10 % les plus aisés au sein de la population (soit 3 124 euros par mois).
La définition de la richesse adoptée par l’Observatoire des inégalités a l’avantage de la simplicité : elle permet à l’aide d’une comparaison avec un seuil obtenu à partir du revenu médian de dresser un état des lieux de la richesse en France.
Toutefois, comme le reconnaît l’Observatoire dans son étude, la notion de richesse pourrait être entendue de manière plus large. Ainsi être riche pourrait également signifier disposer d’une habitation d’au moins 60 m2 pour soi, bénéficier de meilleurs équipements, occuper un emploi peu exposé aux soubresauts de l’économie, etc.
5 millions de riches en France
La richesse ainsi définie à partir de l’approche par les revenus, l’Observatoire des inégalités calcule que près de 8,2 % de la population française peut être considérée comme riche. Cela représente près de 5,1 millions d’individus. En comparaison, selon l’INSEE, 8,8 millions de personnes vivaient en France en 2016 en-dessous du seuil de pauvreté, défini au seuil de 60 % du niveau de vie médian.
Une très grande disparité de revenus et de patrimoines parmi les plus riches
Défini de manière large à partir d’un seuil, le groupe des riches regroupe des réalités économiques fort différentes, que ce soit en termes de revenus ou de patrimoines. Ainsi, si le niveau de vie d’une personne riche, telle que définie par l’Observatoire des inégalités, est d’au minimum 3 470 euros par mois, il faut gagner 3 950 (ou 6 650 euros) par mois pour pouvoir intégrer le club des 5 % (ou 1 %) les plus riches en France.
Les 1% les plus riches en France ne sont plus que 630 000. Quant aux « ultra riches », groupe constitué par les 0,1 % les plus riches en France, ils disposent d’un revenu d’au moins 38 500 euros par mois.
La très forte concentration des patrimoines entre les mains d’une poignée de ménages est confirmée par l’étude de l’Observatoire des inégalités. Il faut ainsi 607 700 euros de patrimoine pour faire partie des 10 % les plus riches en termes de patrimoine (INSEE), alors que le seuil de richesse patrimoniale selon le critère de l’étude est de 490 000 euros.
Le nombre de riches est stable, et leur richesse tend à s’accroître
En dépit de ces divergences intra-groupe, le nombre de riches se révèle stable, et leur richesse croît.
Au niveau de leur nombre, l’INSEE calcule que le nombre de personnes percevant au moins 1,8 fois le niveau de vie médian (ce qui se rapproche de la définition de la richesse en termes de revenus faites par l’étude de l’Observatoire des inégalités) est passé de 6,7 millions en 1996 à 6,8 millions en 2014.
Au niveau de leur richesse, l’écart entre le niveau de vie médian de la population et le niveau de vie moyen des 10 % les plus riches était de 27 800 euros par an en 1996. En 2017, il était de 36 300 euros.
Au niveau patrimonial, la tendance est encore plus lourde : le patrimoine moyen (hors endettement) des 10 % des plus riches est passé de 553 000 euros à 1,2 million d’euros entre 1998 et 2010. Entre 2010 et 2018, ce seuil pour appartenir au groupe des 10 % les plus riches a augmenté d’encore 36 000 euros.
Un groupe des riches socialement homogène
Il est à signaler que le portrait du riche en France est assez standardisé. En termes de revenus comme de patrimoine, les plus de 50 ans y sont surreprésentés. Majoritairement cadres supérieurs ou travailleurs indépendants parmi les mieux rémunérés (juristes, avocats, etc.), les Français les plus riches vivent concentrés dans certains territoires. Un tiers d’entre eux réside en Île de France et un dixième vit à Paris.