Bonne résistance des marchés lors du déclenchement de la crise sanitaire
La cartographie 2020 des marchés et des risques de l’AMF débute sur le constat suivant : le marché financier français a, dans son ensemble, relativement bien résisté à l’onde de choc provoquée par le déclenchement de la pandémie de Covid-19. Alors que certains observateurs préconisaient la fermeture temporaire de la bourse, les différents segments de marchés sont restés ouverts, même au plus fort de la crise sanitaire en mars et avril 2020, grâce à l’intervention massive des autorités publiques.
Les volumes de transactions et d’ordres ont alors atteint des niveaux records, notamment sur les marchés actions. Ils ont été multipliés respectivement par 3 et 5 par rapport à l’année précédente.
Ainsi, le 12 mars 2020, le volume des transactions a dépassé les 13 milliards d’euros sur le marché actions parisien. Malgré la forte baisse des cours au mois de mars, les marchés ont également bénéficié de l’arrivée de « nouveaux investisseurs ». En contrepartie de cette augmentation de volume, la bourse est restée particulièrement volatile.
D’une manière générale, la crise a favorisé les modes transparents de négociation, au détriment des plateformes dites de gré à gré. Pour les marchés actions, les premiers ont ainsi vu leur part de marché augmenter de 47 % jusqu’à 57 % lors des séances de fortes baisses du CAC 40. Dans le même temps, la crise a entraîné une dégradation de la liquidité globale, comme en témoigne le recul de la profondeur du marché, c’est-à-dire de la quantité offerte au meilleur prix.
Sur un marché de gré à gré, ou « over the counter » (OTC), les transactions s’effectuent de manière bilatérale entre un acheteur et un vendeur de titres. Sur un marché dit « organisé », les négociations s’effectuent, au contraire, le plus souvent via une entreprise de marché, telle qu’Euronext.
Principaux risques identifiés par l’AMF pour l’année à venir
Malgré la bonne résistance des marchés boursiers au déclenchement de la crise sanitaire, l’AMF met en garde contre des risques potentiels pour l’année à venir.
Le premier risque identifié porte sur une nouvelle correction des marchés. Selon l’AMF, le niveau des cours boursiers reste particulièrement élevé, malgré la baisse des cours de mars 2020. L’AMF souligne, en particulier, la déconnexion entre la bonne tenue des marchés boursiers depuis le mois d’avril, d’une part, et les perspectives macroéconomiques assez pessimistes (récession économique, nombre croissant de faillites et de licenciements, etc.), d’autre part. Dans ce contexte, les PER prospectifs atteignent des niveaux record. Enfin, une nouvelle vague épidémique n’est pas à exclure, ce qui pourrait dégrader encore davantage la situation économique.
Le PER (pour « price earning ratio ») est l’un des indicateurs les plus utilisés en matière de valorisation boursière. Il se calcule comme le rapport entre le cours de bourse et le bénéfice par action.
Un deuxième risque identifié dans la cartographie de l’AMF est lié à l’accroissement de l’endettement, tant public que privé, du fait de la crise de Covid-19. Déjà important avant le déclenchement de la pandémie, l’endettement des sociétés non financières françaises s’est encore accru depuis et fait peser un risque d’insolvabilité, notamment pour les PME et TPE. Ce risque est d’autant plus fort que la récession en cours entraîne une dégradation des capacités de remboursement. Le danger pour les économies mondiales est alors d’entrer dans une spirale récessionniste, où la baisse de l’activité a un effet négatif sur l’emploi et le climat social, qui déprime la demande et aggrave à son tour la récession.
Enfin, l’AMF met en avant la menace que fait peser le manque de coordination internationale des politiques sur la stabilité financière mondiale. Déjà évoquée dans la cartographie 2019, la perspective d’un Brexit désordonné crée un risque, dans la mesure où, par exemple, le régime de résolution européen des chambres de compensation est toujours en suspens. De même, les tensions géopolitiques, ainsi que les replis sur soi, nationalistes et/ou protectionnistes, restent à surveiller pour l’AMF.