Recul des déclarations d’embauche généralisé en France
Selon l’étude de conjoncture de l’Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale (Acoss), publiée le 22 juillet, le nombre de déclarations d’embauche hors intérim a connu, au cours du deuxième trimestre 2020, une « baisse historique ».
Elles ont, en effet, diminué de 51,7 % par rapport au trimestre précédent, au cours duquel les déclarations de nouvelles embauches avaient déjà diminué de 9,4 %. Cette forte chute des déclarations d’embauche, si elle est concentrée sur le mois d’avril, concerne tous les types de contrats de travail, tous les secteurs d’entreprises, ainsi que l’ensemble du territoire.
Quels que soient la nature et la durée du contrat, toute nouvelle embauche doit être déclarée par l’employeur auprès de l’Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales (Urssaf) ou de la Mutualité sociale agricole (MSA), à travers une « déclaration préalable à l’embauche » (DPAE).
La DPAE peut être effectuée au plus tôt 8 jours avant le début du contrat de travail et au plus tard le jour même de l’embauche. Le nombre de DPAE constitue donc un outil fin pour suivre précisément le flux de nouveaux contrats de travail.
La forte baisse des nouvelles embauches n’épargne, tout d’abord, aucun type de contrat de travail. Au deuxième trimestre, les déclarations de nouvelles embauches ont ainsi reculé de 43,7 % pour les CDI et de 36,6 % pour les CDD de plus d’un mois. Habituellement principal pourvoyeur de nouveaux contrats, le nombre de nouvelles embauches en CDD de moins d’un mois enregistre, quant à lui, une chute de 57,5 %.
Tous les secteurs d’activité sont, en outre, concernés par cette chute des nouvelles embauches. Sans surprise, les secteurs d’activité les plus touchés par la baisse des déclarations de nouvelles embauches sont également ceux qui ont été le plus durement frappé par les mesures de confinement.
Ainsi, les embauches de plus d’un mois ont chuté de plus de 61 % en glissement annuel pour l’hébergement et la restauration, de 58 % pour le secteur des arts, spectacles et activités récréatives. L’agriculture et la santé, secteurs les moins atteints par les mesures de confinement, voient le nombre de déclarations d’embauches de plus d’un mois reculer respectivement de 13,4 et 17,1 %.
Toutes les régions françaises sont, enfin, frappées par cette chute des nouvelles embauches. C’est l’Ile-de-France qui subit la plus forte baisse des déclarations d’embauche de plus d’un mois avec une chute de 50,6 %. Inversement, la Bretagne est la région qui essuie la diminution la moins forte, avec tout de même un recul de 36 % des déclarations d’embauche de plus d’un mois.
Quelles perspectives pour l’emploi et le chômage en France ?
Que nous disent ces chiffres sur la situation de l’emploi et du chômage en France ? Considérée de manière isolée, la baisse des déclarations d’embauche n’implique pas nécessairement une dégradation sur le front du chômage.
Toutefois, la chute des déclarations d’embauche, couplée au contexte de récession économique, peut faire craindre une explosion du chômage en France dans les semaines à venir.
Les récessions sont, en effet, des périodes au cours desquelles le chômage augmente.
Prenons l’exemple de la « Grande Récession » en France : entre les deuxièmes trimestres 2008 et 2009, le taux de chômage a progressé en France de 1,9 point de pourcentage, passant de 7,3 à 9,2 % de la population active.
Afin d’étudier l’impact d’une récession sur le taux de chômage, les économistes font traditionnellement référence à la « loi d’Okun ».
Cette loi, nommée d’après Arthur Okun, économiste américain (1928-1980), désigne une relation empirique entre le taux de croissance du PIB et le taux de chômage.
En 1962, Okun constatait que lorsque la croissance américaine augmentait d’un point de pourcentage, le taux de chômage diminuait de 0,5 point. En appliquant la relation statistique observée pour la France entre 1980 et 2013 par des chercheurs américains, il est possible de fournir un ordre de grandeur de l’impact sur le chômage de la récession que traverse actuellement la France.
En prenant comme référence la dernière prévision de l’INSEE d’un recul de 9 % du PIB français en 2020, on peut évaluer, d’après la loi d’Okun, la hausse du taux de chômage à près de 3,2 points de pourcentage. Le taux de chômage atteindrait alors 11 % fin 2020.
Dans ce contexte, la publication des chiffres de l’emploi par l’INSEE le 7 août prochain sera , sans nul doute, scrutée avec attention !