Ce 14e baromètre IPSOS/Secours Populaire mesure l’impact de la crise sanitaire sur la précarité en France.
L’enquête a été menée auprès de 1 002 personnes représentatives de la population française âgée de 16 ans et plus, interrogées par téléphone les 4 et 5 septembre 2020.
Il faut gagner au moins 1 228 euros net par mois pour ne pas être pauvre
Le « seuil de pauvreté subjectif » est supérieur au SMIC
C’est un des constats du 14e baromètre : les Français estiment que pour ne pas basculer dans la précarité et la pauvreté, il faut au moins gagner chaque mois 1 228 euros nets pour une personne seule. Cette perception marque une sensible hausse du seuil par rapport aux années précédentes ; de + 35 euros par rapport à 2019, et de + 174 euros par rapport à 2015.
Autrement dit, il faut gagner chaque année plus pour ne pas avoir le sentiment de basculer dans la précarité.
Ce « seuil de pauvreté subjectif moyen » est nettement supérieur au seuil de pauvreté tel qu’il est défini par l’INSEE, qui calcule le seuil de pauvreté officiel sur la base de 60 % du revenu médian 2018 soit : 1 063 euros. En 2019, selon l’INSEE, 9,3 millions de Français étaient en-dessous de ce seuil de pauvreté officiel.
Ce « seuil de pauvreté subjectif moyen » est également supérieur au montant du SMIC mensuel net 2020 qui est de 1 219 euros (1 202 euros en 2019). Ce qui reviendrait à conclure qu’une personne touchant le SMIC s’estimerait basculer dans la précarité, voire dans la pauvreté.
Il existe de fortes variations par rapport à cette perception de la précarité
Il existe toutefois des variations pour ce seuil de pauvreté moyen, ce que souligne le baromètre : ainsi le seuil est plus élevé pour les hommes (1 262 euros) que pour les femmes (1 198 euros), il est aussi plus élevé pour les habitants de l’Ile de France (1 338 euros) que ceux des autres régions (1 204 euros).
La crise sanitaire a dégradé la situation financière des plus fragiles
33 % des Français déclarent avoir une perte de revenus du fait de la crise de la Covid-19
La crise sanitaire a eu un fort impact sur les revenus des Français : 33 % déclarent avoir enregistré une perte de revenus, et 16 % considèrent « importante » la perte de revenus lié à la crise sanitaire.
Cette perte de revenus est plus élevée encore pour certaines catégories de Français : elle est ainsi « importante » pour 33 % des ouvriers et pour 23 % des salariés touchant moins de 1 200 euros nets par mois.
26 % ne sont pas partis en vacances pour des raisons strictement financières.
La crise de la Covid-19 a aggravé les inégalités
Le baromètre a aussi mesuré les comportements financiers des Français. Le constat est clair : avec la crise sanitaire, les inégalités se sont creusées.
Si 48 % des Français sont parvenus à mettre de l’argent de côté (5 % ont même mis « beaucoup d’argent de côté »), tout le monde n’a pas épargné.
33 % sont tout juste parvenus à boucler leur budget mensuel, et surtout 18 % « vivent à découvert » :
- 10 % ne parviennent pas à boucler leur budget sans être à découvert.
C’est principalement le cas pour 29 % de ceux/celles ayant un niveau d’étude inférieur au Bac (+ 5 % par rapport à 2019) et pour 46 % de ceux/celles percevant des revenus mensuels nets inférieurs à 1 200 euros (+ 5 %). - 8 % craignent de basculer dans la précarité, et déclarent s’en sortir de plus en plus difficilement (+ 2 % par rapport à 2019). Dans le détail, le baromètre note que c’est le cas pour :
- 13 % des ouvriers (+1)
- 25 % des inactifs hors retraités (+16)
- 10 % de ceux/celles vivant en zone rurale (+2).
Au total, 57 % des Français déclarent qu’à un moment de leur vie, ils ont craint de connaitre une situation de pauvreté.