Coût économique du premier confinement
La France a connu un premier confinement de la population entre le 17 mars et le 11 mai, soit 55 jours au total. Associé aux effets de la pandémie de Covid-19, celui-ci a plongé l’économie française dans une récession d’une ampleur historique, du fait de facteurs touchant l’offre, comme les restrictions qui ont pesé sur de nombreux secteurs, et la demande, tels que la chute de la consommation de biens durables dans un contexte de forte incertitude.
Les différents « points de conjoncture » publiés par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) permettent de préciser l’impact du premier confinement sur l’activité économique. Ainsi, en avril 2020, seul mois « complet » de confinement, l’INSEE estime que l’activité économique a été en retrait, en France, d’environ 30 % par rapport à un niveau de production d’avant-crise. Pour les mois de mars et de mai, le recul de l’activité économique atteint respectivement 16 et 17,6 %. L’INSEE anticipe ainsi une perte d’activité de 19 % au second trimestre et de 5 % au troisième trimestre. Selon une estimation établie début octobre, soit avant l’entrée en vigueur du couvre-feu et du deuxième confinement, le PIB devrait reculer de 9 % en France en 2020.
Selon des données estimées début octobre, la construction, l’industrie et certaines activités de service figurent parmi les secteurs les plus touchés par le premier confinement. Pour la construction, la perte d’activité par rapport à une situation « normale » est estimée à 32 % au deuxième trimestre, et à 5 % respectivement au troisième et quatrième trimestres.
L’industrie, qui pèse près de 14 % du PIB français, devrait, quant à elle, subir un recul de près de 23 % au cours du deuxième trimestre, de 6 % au troisième et de 4 % au quatrième.
Parmi les secteurs industriels, celui de la fabrication de matériels de transport a été le plus touché. Son activité a, en effet, été divisée par deux entre avril et juin 2020.
Enfin, les services principalement marchands ont vu leur activité économique se réduire en moyenne de 17 % au cours du premier confinement.
Certains domaines, comme l’hébergement et la restauration, la culture et les loisirs, ou encore les transports, ont été les plus durement éprouvés. Le premier a vu ses débouchés se réduire de moitié au cours du deuxième trimestre 2020, tandis que l’activité dans les secteurs de la culture et des loisirs d’une part, et du transport, d’autre part, ont subi un recul respectivement de 36 et 28 % au cours de la même période.
Quelle leçon pour ce second confinement ?
Le premier confinement offre une première expérience et permet d’anticiper ce que pourrait être le coût économique du deuxième confinement, annoncé le 28 octobre et entré en vigueur deux jours plus tard.
Ce second confinement diffère, certes, du premier sur plusieurs points. Tout d’abord, les établissements scolaires restent, pour le moment, ouverts. Contrairement à ce qui s’est passé au cours du premier confinement, cela devrait notamment permettre à certains parents de poursuivre leur activité professionnelle dans de meilleures conditions.
Ensuite, les entreprises se sont, depuis mars dernier, préparées et sont, désormais, davantage rodées à la pratique du télétravail.
Enfin et surtout, plusieurs secteurs à l’arrêt au cours du premier confinement pourront continuer leur activité. Il s’agit notamment des services publics ou encore des secteurs de la construction et du bâtiment. Ainsi, il est fort probable que ce nouveau confinement ait finalement des conséquences négatives moins fortes que le premier.
Dans ce contexte, et sous réserve de nouvelles restrictions ou adaptations du confinement actuel, Agnès Bénassy-Quéré, chef économiste de la Direction Générale du Trésor, estime que ce nouveau confinement devrait aboutir à un recul de l’activité économique de l’ordre de 20 % par mois par rapport à une situation d’avant-crise. Dans ces conditions, l’économiste anticipe un recul du PIB français de l’ordre de 11 % pour l’année 2020 par rapport à 2019, contre – 9 % prévus par l’INSEE encore début octobre.