Qu’est-ce que le RCEP ?
Signé le 15 novembre dernier, le Partenariat régional économique global (RCEP, pour Regional Comprehensive Economic Partnership) a pour but de créer une zone de libre-échange entre 15 pays d’Asie et du Pacifique. Parmi eux, on compte les pays membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), à l’initiative de ce partenariat, ainsi que la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Cet accord est le fruit de longues négociations menées entre ces pays et sa signature a, sans doute, été accélérée par la politique commerciale protectionniste menée au cours des trois dernières années par les États-Unis de D. Trump
Créée en 1967, l’ASEAN regroupe, depuis la fin des années 1990, dix États membres : l’Indonésie, la Thaïlande, Singapour, la Malaisie, les Philippines, le Vietnam, la Birmanie, le Cambodge, le Laos et Brunei. Elle vise notamment à promouvoir la croissance économique, le progrès social et le développement culturel dans la région.
L’accord commercial, le premier signé entre les trois principales économies de la région – la Chine, le Japon et la Corée du Sud –, porte essentiellement sur une baisse des droits de douane sur plus de 80 % des produits échangés (hors bien agricoles), et une simplification des démarches administratives liées aux transactions commerciales. Cela devrait donc déboucher sur une intensification des échanges, ainsi qu’un développement accru des chaînes de valeur dans cette zone économique.
La zone économique représente près de 30 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, ce qui en fait la première zone économique mondiale, devant les États-Unis et l’Union Européenne (UE).
Quel est l’impact attendu du RCEP ?
Le RCEP pourrait avoir un impact important sur les économies des pays signataires.
Le Peterson Institute for International Economics, un think tank basé à Washington, a, en effet, calculé que la signature du RCEP pourrait générer un surplus de près de 164 milliards de dollars d’ici 2030 pour les seuls pays asiatiques, soit environ 0,3 % de leur revenu réel.
Dans un scénario plus pessimiste de poursuite de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, ces gains attendraient même 179 milliards de dollars. Selon cette hypothèse, la zone couverte par le RCEP bénéficierait, en effet, du déversement d’une partie des échanges sino-américains.
Dans le scénario d’une normalisation des relations commerciales entre les États-Unis et la Chine, cette dernière serait le premier bénéficiaire de cet accord, avec un surplus de revenus de près de 85 milliards de dollars à l’horizon 2030.
Le Japon et la Corée du Sud suivent avec des gains respectifs attendus de l’ordre de 48 et 23 milliards de dollars. Ces deux pays seraient également les premiers bénéficiaires du RCEP, si l’on compare les gains attendus à la taille de leur économie. Toujours selon les estimations du Peterson Institute for International Economics, la signature du RCEP permettrait au Japon et à la Corée du Sud de connaître un accroissement de leur revenu réel de 1 %, par rapport à une situation sans cet accord commercial.
La Malaisie serait le troisième bénéficiaire de cet accord avec un gain espéré de 0,6 % de revenu réel à l’horizon 2030.
Suivent ensuite la Thaïlande et le Vietnam (+ 0,5 %), la Chine (+ 0,3 %) et la Nouvelle-Zélande (+ 0,2 %).
L’accord commercial ne fait toutefois pas que des gagnants. L’Inde apparaît comme le principal perdant du RCEP. En effet, toujours selon ces estimations, le pays devrait subir une perte de 6 milliards de dollars d’ici 2030.
Un temps partie prenante dans les négociations, l’Inde a préféré se retirer du RCEP par crainte de voir son industrie submergée par les importations en provenance de la Chine. Le Peterson Institute for International Economics calcule pourtant que le revenu réel de l’Inde aurait pu augmenter de 60 milliards de dollars d’ici 2030 en cas de signature du RCEP.
La position de l’Inde illustre donc parfaitement la problématique traditionnelle du commerce international : un pays peut, dans son ensemble, bénéficier de l’accroissement des échanges, mais ce dernier induit généralement des effets redistributifs potentiellement déstabilisants pour une économie.