Les plus jeunes sont particulièrement touchés par la pauvreté
L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) analyse la pauvreté à partir d’une mesure relative. Est considérée comme pauvre, toute personne vivant dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian.
L’INSEE définit, à l’échelle d’un ménage, un niveau de vie correspondant au rapport entre le revenu disponible, à savoir l’ensemble des revenus du ménage, amputés des impôts et cotisations sociales, et la taille du ménage, mesurée à l’aide d’unités de consommation. L’INSEE considère qu’un adulte équivaut à une unité de consommation, que toutes les autres personnes de 14 ans et plus comptent pour 0,5 et que, enfin, les enfants de moins de 14 ans représentent 0,3 unité chacun.
D’après les données de l’INSEE, le seuil de pauvreté, ainsi défini, était, en France, en 2017, de 1 041 euros par mois par unité de consommation.
14 % de la population française, soit près de 8,9 millions de personnes, était alors considérée comme pauvre. 4,5 millions d’entre elles avaient moins de 30 ans. Les moins de 30 ans représentent donc plus de la moitié de la population pauvre. Les moins de 18 ans représentent à eux seuls plus de 30 % des personnes pauvres en France.
Ces chiffres, déjà préoccupants, ne reflètent, toutefois qu’une partie de la réalité de la pauvreté chez les jeunes. Comme le note le Rapport sur la pauvreté de l’Observatoire des inégalités, « une bonne partie de la pauvreté des jeunes n’apparaît pas dans les statistiques ».
Tout d’abord, les jeunes vivant chez leurs parents sont comptabilisés dans les foyers fiscaux de ces derniers. Raisonner à l’échelle des ménages masque ainsi la réalité vécue par certains jeunes ne parvenant pas à accéder à un logement autonome.
Les enquêtes sur les revenus menées par l’INSEE ne prennent, ensuite, pas en considération les ménages étudiants. Il est donc impossible d’apprécier leurs conditions de vie. Or, on compte près de 578 000 ménages étudiants en France. On peut supposer que ceux qui ne bénéficient pas d’une aide suffisante apportée par les parents seraient comptabilisés comme pauvres si l’Institut prenait en compte les ménages étudiants dans ses enquêtes. Enfin, l’INSEE ne mène pas d’enquête sur les jeunes vivant en logement collectif. Ils seraient environ 270 000 dans ce cas, ce qui représente 5 % de la population des 18-24 ans.
Les Français préoccupés par le phénomène de pauvreté
Un autre fait saillant mis en évidence par le Rapport de l’Observatoire des inégalités est la grande inquiétude des Français à l’égard de la pauvreté. Mobilisant le baromètre annuel de la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DRESS), il rappelle qu’en 2019 (donc toujours avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19), neuf Français sur dix se disaient « préoccupés » par la pauvreté.
L’immense majorité des Français estime, en outre, que la pauvreté a augmenté au cours des 5 dernières années. En 2019, ils sont ainsi 88 % à le penser pour la période 2014-2018. Ce sentiment est d’ailleurs cohérent avec les données fournies par l’INSEE sur l’évolution du taux de pauvreté en France. Alors qu’en 2013, 13,8 % de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté – toujours défini comme égal à 60 % du niveau de vie médian –, cette part était de 14,8 % en 2018.
Cet écart d’un point de pourcentage représente plus de 100 000 personnes !
La population française apparaît, enfin, comme relativement pessimiste quant à l’évolution de la pauvreté.
En 2019, 88 % des Français estiment que celle-ci va augmenter au cours des cinq prochaines années. Ce niveau est peu ou prou constant depuis une dizaine d’années en France, alors qu’au début des années 2000, ce pessimisme ne concernait qu’environ 60 % de la population. Cette inquiétude quant à l’avenir, à l’instar de la pauvreté des jeunes, devrait sans nul doute augmenter fortement à mesure que la crise économique issue de la pandémie de Covid-19 produira l’ensemble de ses effets.