Une récession d’une ampleur historique en 2020
Les prévisions, tant de la Banque de France que de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), actent, tout d’abord, le fait que l’année 2020 sera pour l’économie française celle d’une récession d’une ampleur jamais vue depuis la création de la comptabilité nationale. Les deux institutions prévoient, en effet, un recul de l’activité économique de l’ordre de 9 % pour l’année 2020. Avant cela, c’est la récession de 2009, provoquée par la crise des subprimes, qui apparaissait comme la crise la plus forte en termes de variation du produit intérieur brut (PIB) avec une baisse de « seulement » 2,9 %.
Selon le Système de comptabilité nationale, établi sous la responsabilité des Nations Unies, du Fonds monétaire international (FMI), de la Commission des communautés européennes, de l’OCDE et de la Banque Mondiale, la comptabilité nationale est « un cadre statistique qui fournit une série détaillée, cohérente et flexible de comptes macroéconomiques à des fins de prise de décisions, d’analyse et de recherche ».
Selon les calculs de l’INSEE, l’activité économique serait au dernier trimestre 2020 en recul de près de 8 % par rapport à la situation au cours de la même période en 2019. La chute devrait atteindre environ 12 % pour le mois de novembre et 8 % pour décembre. Il apparaît ainsi que le second confinement a été moins coûteux économiquement que le premier. D’après l’INSEE, l’activité économique avait été, en effet, en retrait, en avril 2020, seul mois « complet » de confinement, d’environ 30 % par rapport à un niveau de production d’avant-crise.
L’impact de ce second confinement sur l’activité économique est donc moins élevé qu’un temps craint. Certains secteurs ont, en effet, pu cette fois-ci conserver un niveau d’activité, certes en deçà d’une période hors Covid, mais plus élevé qu’au printemps dernier. Alors que la construction avait, par exemple, subi une chute de son activité de 31,1 % au cours du second trimestre, le recul n’était plus que de 9 % par rapport à la situation d’avant-crise au cours du dernier trimestre 2020.
Quelles perspectives pour 2021 et 2022 ?
Établir des prévisions macroéconomiques pour les deux prochaines années constitue un exercice particulièrement périlleux.
Les données issues de telles prévisions seraient donc fortement incertaines et pourraient être remises en cause en cas d’évolution non prévue de la situation sanitaire.
Dans ce contexte, l’INSEE ne fournit pas de prévisions de croissance pour les deux prochaines années. Il indique, toutefois, s’attendre à un rebond de respectivement 3 % et 2 % au cours des deux premiers trimestres de l’année 2021. Au total, il est possible d’espérer, selon l’INSEE, d’atteindre en juin 2021 un niveau d’activité économique inférieur de 3 % à celui de fin 2019.
La Banque de France se risque, quant à elle, à des projections macroéconomiques pour 2021 et 2022.
La Banque de France travaille à partir de deux scénarios : un dit « favorable », le second plus « sévère ». Le premier scénario fait le pari d’un contrôle de la situation sanitaire dès le premier semestre 2021, grâce notamment au déploiement rapide des vaccins. Le scénario plus sévère, en revanche, table sur une circulation encore active du virus en France au cours des deux prochaines années. Le scénario plus favorable prévoit un fort rebond de l’économie française en 2021 et 2022, avec une croissance du PIB respectivement de 7 et 5 %. Autrement dit, la France devra attendre mi-2022 pour retrouver son le niveau d’activité économique qui était le sien fin 2019. L’inflation devrait accélérer, tout en restant à un niveau faible avec une croissance de l’indice des prix à la consommation de 0,5 % en 2021, 1 % en 2022 et 1,2 % en 2023.
Le PIB français devrait reculer de 9 % en 2020, mais pourrait progresser de 7 % l’année suivante. Peut-on dès lors en conclure que l’activité économique sera fin 2021 de 2 % inférieure à celle de fin 2019 ? La réponse est non ! Si ces prévisions se réalisent, le PIB français aura, au total diminué de 2,63 %. Les pourcentages d’évolution portent, en effet, sur des valeurs initiales différentes.
Vers une forte augmentation du chômage en 2021
Quel que soit le scénario retenu par la Banque de France, un phénomène semble inéluctable : la forte augmentation du chômage au cours de l’année 2021. Dans la simulation optimiste de la Banque centrale, le taux de chômage atteindra 10,4 % de la population active à la fin de l’année prochaine, ce qui représente une augmentation de 1,7 point de pourcentage (on passe de 8,7 % à 10,4 %) et des centaines de milliers d’individus. Jusqu’à présent, la hausse du chômage est restée faible, en comparaison avec l’ampleur de la récession, notamment grâce aux dispositifs de soutien à l’économie mis en œuvre par l’État, comme par exemple le chômage partiel.
Toutefois, la récession devrait, à terme, se traduire par de nombreuses destructions d’emplois et de faillites. La Banque de France anticipe qu’au total près de 760 000 emplois seront détruits au cours de la seule année 2021. Par ailleurs, une note récente du Conseil d’Analyse Économique (CAE) estime que le risque de défaillance des entreprises augmentera de 26 % en 2021. Relative bonne nouvelle dans ces sombres perspectives : la Banque de France prévoit, à partir de la fin 2021, une amélioration sur le front de l’emploi, consécutive au rebond de l’activité économique. Néanmoins, avec un taux estimé de 8,9 % fin 2023, le chômage devrait rester durablement élevé et supérieur au niveau de 2019.