Une récession d’une ampleur inégalée, tant en France que dans le monde
2020 restera pour de nombreux pays du globe comme l’année de la récession la plus forte depuis au moins la Seconde Guerre mondiale. La France devrait connaître un recul de son activité économique de l’ordre de 9 %, tandis qu’à l’échelle mondiale, les prévisions des institutions internationale font état d’une baisse d’environ 5 % du Produit intérieur brut (PIB). Les pays ayant connu une croissance positive au cours de l’année 2020 se comptent sur quelques doigts seulement. C’est le cas par exemple de Taïwan, dont l’économie a pu profiter d’une bonne gestion de la pandémie et du dynamisme de ses exportations.
Les politiques monétaires mises en œuvre pour lutter contre les effets de cette récession
Dans ce contexte de crise économique sans précédent, une réponse en termes de politiques économiques était attendue afin notamment d’atténuer les conséquences négatives induites par la récession. Dans ce contexte, les principales Banques centrales ont mené des politiques monétaires particulièrement accommodantes et ont renoué avec les politiques de quantitative easing. La Banque centrale européenne (BCE) a, ainsi, mis en place dès mars, un plan massif d’achats de titres, consistant à injecter des liquidités au sein du système financier afin notamment d’assouplir les conditions de crédit aux entreprises et aux États. En plus d’avoir mis en œuvre un tel programme d’achats de titres, la Réserve fédérale des États-Unis (FED) a, à la fin de l’été, annoncé un changement majeur dans la conduite de la politique monétaire : désormais, la FED se concentrera moins sur la lutte contre l’inflation, afin de davantage favoriser l’objectif de plein-emploi.
Les politiques budgétaires mises en œuvre pour lutter contre les effets de cette récession
Outre les politiques monétaires mises en œuvre par les Banques centrales, les différents gouvernements ont utilisé des instruments de politique budgétaire pour contre-carrer les effets de la crise économique. En France, l’ensemble de ces mesures budgétaires et fiscales ont été regroupées dans un « plan de relance » d’un montant global de 100 milliards d’euros sur deux ans. Ces mesures sont contenues pour une bonne partie dans le projet de loi de finances pour 2021. Selon les estimations des économistes du ministère de l’Économie et des Finances, ce plan de relance devrait permettre à l’économie française de connaître au cours des 5 prochaines années, une activité économique supérieure, au total, de 4 points de PIB par rapport à un scénario sans ces mesures budgétaires et fiscales.
Autre évènement majeur de l’année 2020 en matière de politique budgétaire : l’adoption d’un plan de relance à l’échelle européenne. En plus de son soutien à l’économie, celui-ci ouvre la voie à la création d’une dette européenne commune. Une première dans l’histoire de la construction européenne !
Les mesures sanitaires ont eu des effets contrastés sur les ménages français
Malgré ces politiques économiques, la crise économique déclenchée par l’irruption de la pandémie de Covid-19 a, d’ores et déjà, eu un impact fort sur les ménages français. En particulier, les mesures de confinement ont eu des conséquences différenciées sur ces derniers et ont sans doute creusé les inégalités entre les ménages les plus pauvres et les plus riches, et notamment en termes de consommation et d’épargne.
Quelles propositions pour le « monde d’après » ?
Ce contexte de crise économique généralisée a, par ailleurs, été l’occasion de réfléchir au « monde d’après ». L’Espagne a, ainsi, un temps, considéré instaurer un revenu universel en réponse à la crise du Covid-19, afin notamment d’éviter une progression de la pauvreté. Dans le contexte sensiblement différent des pays en développement, l’économiste franco-américaine Esther Duflo a proposé la mise en place d’un « revenu universel ultra basique », permettant de lutter contre l’extrême pauvreté. Dans le même temps, plusieurs propositions ont émergé afin de rendre la finance plus durable lors de la conférence que nous avons organisée au cours du Printemps de l’Économie.
Les bilans économiques de deux présidences
L’année 2020 a également été l’occasion de revenir sur le bilan économique de deux présidences, menées dans des styles sensiblement différents. Le premier portait sur la France de 1974 et 1981et a été publié suite au décès, début décembre, de Valéry Giscard d’Estaing. Le second bilan économique concernait l’économie américaine de ces quatre dernières années, marquées par une politique fiscale très agressive et une guerre commerciale menée par Donald Trump.
Les dernières négociations dans le cadre du Brexit
Au terme d’un suspense haletant, le Brexit, c’est-à-dire la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne (UE), a connu, en 2020, son dénouement. Dans un premier temps, le Royaume-Uni a officiellement quitté l’UE le 31 janvier 2020. Le Brexit est alors entré dans une phase de transition au cours de laquelle le Royaume-Uni était toujours membre du marché unique et suivait la règlementation européenne. Cette phase a pris fin avec l’accord commercial signé le 24 décembre dernier entre les représentants de l’UE et ceux du Royaume-Uni.
Des marchés financiers chahutés
Côté marchés financiers, l’année 2020 a également été atypique. A la Bourse de Paris, l’évolution de l’indice CAC 40 a été marquée par une forte volatilité et une chute très sévère au mois de mars. Dans les mois qui ont suivi, le CAC 40 a connu deux périodes de forte hausse, entre fin mars et juin puis à la fin de l’année 2020, notamment sous l’effet de la politique monétaire accommodante menée par la BCE.
Une forte progression de l’épargne des Français, mais toujours sur des placements peu risqués !
Dans le même temps, l’année 2020 aura confirmé l’appétence des ménages français pour les placements pas ou peu risqués. Alors que les ménages les plus aisés sont parvenus à accroître leur capacité d’épargne, notamment au cours des périodes de confinement, les habitudes des Français en termes de placements financiers n’ont guère évolué. Les ménages apparaissent ainsi toujours averses au risque et privilégient des placements peu risqués, comme par exemple le livret A qui a enregistré une forte collecte au cours de l’année.
Dans un contexte de crise, une forte hausse du cours des investissements dits alternatifs
Ce contexte de crise économique a, enfin, bénéficié à certains investissements financiers dits alternatifs. L’or a ainsi confirmé son statut de valeur refuge, suite à la très forte hausse de son cours. Malgré les appels répétés à la prudence émanant des régulateurs et notamment de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et la découverte de plusieurs fraudes et arnaques, certains crypto-actifs ont également vu leur cours augmenter de façon spectaculaire au cours de cette année. C’est le cas notamment du Bitcoin, dont la valeur vient tout juste de dépasser la barre des 30 000 dollars. Dans ce contexte aussi, l’année 2021 pourrait bien être celle de la normalisation.