Une perte de richesses de plus de 10 000 milliards de dollars en 2020 et 2021
Le Covid-19 a bouleversé la vie de l’humanité depuis son apparition en Chine à la fin de l’année 2019. Sur le plan économique, la pandémie de Covid-19 est à l’origine de la plus grave crise depuis, au moins, la Seconde Guerre mondiale. Une manière de mesurer son impact économique à court terme est de comparer l’évolution du produit intérieur brut (PIB) mondial suite à l’irruption de la pandémie à la situation qui aurait prévalu en son absence.
Comparons pour cela les prévisions de PIB mondial effectuées par la Banque mondiale en janvier 2020, soit avant la prise en compte du facteur Covid, et en décembre 2020. Dans ses projections de janvier 2020, l’institution basée à Washington prévoyait une croissance économique mondiale de 2,5 et 2,6 % respectivement en 2020 et 2021. Devant le développement de la pandémie et la mise en œuvre de mesures sanitaires contraignantes pour l’économie, la Banque mondiale a, récemment, révisé ses prévisions. Elle anticipe désormais une chute de l’activité économique mondiale de 4,3 % en 2020, suivie d’un rebond estimé à 4 % en 2021.
Selon les dernières prévisions de la Banque mondiale, le PIB mondial pourrait ainsi atteindre respectivement 84 023 et 87 384 milliards de dollars en 2020 et 2021. Sans pandémie de Covid-19 (en prenant l’hypothèse que les projections de la Banque mondiale étaient correctes), le PIB mondial aurait été de, respectivement, 89 993 et 92 333 milliards de dollars, soit une perte cumulée de plus de 10 000 milliards de dollars.
Ces 10 000 milliards de dollars (soit environ 8 200 milliards d’euros) sont autant de richesses non créées du fait de la pandémie. Ils correspondent peu ou prou à deux années de PIB de l’Allemagne !
Des pertes de richesses touchant l’ensemble de la planète
Une des caractéristiques de la crise économique actuelle est de toucher la quasi-intégralité des pays du globe.
La zone géographique la plus touchée est l’Amérique Latine/Caraïbes. La perte de richesses cumulée sur les deux années y atteint près de 16,5 % de son PIB d’avant crise. Suivent ensuite le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord et la zone euro. Pour celle-ci la perte cumulée représente 14,8 % du PIB de 2019. La zone euro apparaît ainsi plus gravement touchée que les États-Unis par exemple, notamment du fait d’une récession plus sévère en 2020, avec un recul de l’activité économique anticipé, pour cette année-là, à 7,4 % au sein de la zone euro, contre 3,6 % outre Atlantique.
La zone de l’Asie de l’Est/Pacifique est celle qui devrait le moins souffrir, en termes économiques, de la pandémie de Covid-19, avec une perte de richesses cumulée d’environ 8 % du PIB de 2019, alors que même que la zone devrait connaître une croissance positive en 2020 et en 2021 avec une progression du PIB respectivement de 0,9 % et de 7,4 %. Ce cas illustre donc bien les effets concrets d’une moins forte croissance sur le niveau de richesses finalement créées.
Quels effets à long terme de la récession actuelle ?
La perte de richesses évoquée jusqu’ici n’est que l’impact « immédiat » de la crise économique que nous traversons. Or, même lorsqu’elles sont de courte durée, les récessions peuvent avoir des effets à long terme sur les économies concernées. Etant donné l’ampleur de la récession actuelle provoquée par la pandémie de Covid-19, et bien qu’il soit encore trop tôt pour le quantifier, il est fort probable qu’elle continue à avoir un impact sur l’économie mondiale au-delà de 2023, année au cours de laquelle l’économie mondiale devrait avoir retrouvé son niveau d’activité d’avant Covid-19.
Le premier facteur à prendre en considération ici est l’éducation. La pandémie actuelle perturbe, tout d’abord, les systèmes éducatifs à travers le monde. Les pertes de revenus liées à la récession devraient, ensuite, réduire les possibilités de poursuite d’études, notamment dans les pays où l’éducation supérieure est onéreuse ! Il pourrait en résulter une moindre accumulation du capital humain, facteur important de la croissance économique.
Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), le capital humain désigne « l’ensemble des connaissances, qualifications, compétences et caractéristiques individuelles qui facilitent la création du bien-être personnel, social et économique ».
En outre, l’investissement privé tend à être plus faible au cours des récessions, tandis que les mesures de soutien à l’économie réduisent la marge de manœuvre des Etats en matière d’investissement public. Or, un investissement plus faible aujourd’hui aura un effet négatif sur les capacités de production et la croissance économique de demain.
Enfin, une récession peut avoir des effets négatifs sur le rythme des innovations, sur le niveau de la demande globale (par exemple, si le chômage augmente sensiblement) ou encore les échanges internationaux. Il s’agit d’autant de facteurs susceptibles d’alourdir le coût économique de la récession actuelle.