« Euronext », « Euronext Paris », « Bourse de Paris » : de quoi parle-t-on ?
L’opérateur boursier paneuropéen, Euronext, a annoncé, lundi 18 janvier, la nomination de Delphine d’Amarzit au poste de présidente-directrice générale d’Euronext Paris à compter du 15 mars prochain. Cette nomination marque un tournant dans l’histoire de la Bourse de Paris : Delphine d’Amarzit sera, en effet, la première femme à occuper un tel poste.
Lorsqu’on évoque la place de Paris et plus généralement les marchés boursiers en Europe, plusieurs termes reviennent régulièrement sans qu’il soit toujours facile de les distinguer précisément. Explications.
Le groupe Euronext a été créé en 2000 suite à la fusion des Bourses d’Amsterdam, de Bruxelles et de Paris. Il s’agit d’un opérateur boursier paneuropéen. Au fil des rachats et des fusions opérés au cours des 20 dernières années, Euronext contrôle désormais plusieurs marchés boursiers répartis sur 6 pays : la Belgique (Bourse de Bruxelles), la France (Bourse de Paris), l’Irlande (Bourse de Dublin), la Norvège (Bourse d’Oslo), les Pays-Bas (Bourse d’Amsterdam) et le Portugal (Bourse de Lisbonne).
Pendant quelques années, Euronext passa progressivement sous contrôle américain, avant de redevenir européen avec des actionnaires de référence qui possèdent plus de 33 % du capital, parmi lesquels on trouve la Caisse des dépôts (CDC), Bpifrance, Euroclear ou certaines grandes banques européennes. Le reste du capital est coté en bourse – on appelle cela le « flottant ».
Le groupe Euronext est, en effet, coté en bourse sur ses propres marchés.
La Bourse de Paris est donc partie intégrante d’Euronext. On désigne depuis 2000 le marché parisien sous l’appellation « Euronext Paris ». Il s’agit d’ailleurs de l’un des marchés les plus importants en termes de volumes échangés.
En 2019, le marché parisien a, en effet, réalisé près de 60 % des volumes totaux d’Euronext, soit un volume d’échanges quotidiens moyens d’environ 4,4 milliards d’euros.
La Bourse : un lieu historiquement masculin
Il n’est pas exagéré de parler de révolution pour caractériser la nomination d’une femme à la tête d’Euronext Paris. Historiquement, la Bourse de Paris est, en effet, un lieu exclusivement masculin. La présence de femmes au sein des différents lieux où se tiennent les négociations de titres financiers est légalement interdite de 1724 à 1967. Pris après la banqueroute du financier John Law, l’arrêt du 24 septembre 1724 instituant la Bourse de Paris précise en effet que « Les femmes ne pourront entrer à la Bourse, pour quelque cause ou prétexte que ce soit ».
Alors que la Bourse de Paris se développe considérablement au cours du XIXe siècle, les femmes en demeurent exclues. Pour Paul Lagneau-Ymonet, sociologue et spécialiste de l’histoire économique et sociale des activités boursières, cette interdiction est l’une des caractéristiques de la véritable « masculinité d’affaires » qui entoure alors la Bourse de Paris.
Il faut attendre la modification du règlement interne de la Compagnie des agents de change en 1967 pour que les femmes soient autorisées à pénétrer dans l’enceinte de la Bourse, le Palais Brongniart.
Et ce n’est que près de 20 ans plus tard qu’une femme prend, pour la première fois, la tête d’une charge d’agent de change et accède ainsi à la corbeille. Sylvie Girardet devient, en effet, agent de change en 1985 et perpétue ainsi une longue tradition familiale débutée à Lyon en 1920.
Un extrait d’un journal télévisé de 1967, réalisé à l’occasion de l’enregistrement d’une émission par la journaliste Annick Beauchamps – Madame Inter – en direct du Palais Brongniart, nous replonge dans l’atmosphère de la Bourse de ces années où les femmes étaient largement exclues des problématiques économiques et financières.