Plan de relance américain de 1900 milliards de dollars
Le plan de relance américain, adopté par le Congrès en mars 2021, constitue la troisième vague des réponses budgétaires apportées par les gouvernements américains – la première pour l’administration Biden – face à la crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19. Ce plan est constitué par des mesures représentant un montant total de 1900 milliards de dollars, très majoritairement distribués sous forme de fonds et non d’avances ou de prêts, soit près de 9 % du produit intérieur brut (PIB) américain.
Une politique de relance a pour objectif de stimuler l’activité économique afin d’empêcher l’économie de s’installer dans une récession ou d’être entraînée vers une déflation.
La mesure phare de ce plan de relance est une aide directe à des millions de ménages américains. En effet, toute personne touchant moins de 75 000 dollars par an (le plafond est de 150 000 dollars pour un couple marié) recevra, sans autre condition, un chèque de 1 400 dollars qu’il pourra utiliser comme bon lui semblera.
Le gouvernement américain tente ainsi de relancer l’économie par la demande en incitant les ménages à consommer davantage.
Ce plan de relance est complété notamment par des mesures supplémentaires d’indemnisation des chômeurs, un crédit d’impôt destiné à faciliter la garde d’enfants pour les familles modestes ou encore par des dispositions à destination des établissements scolaires et de l’enseignement supérieur.
Un plan de relance américain trop « massif » ?
Devant l’ampleur du plan de relance voté par le Congrès, certains économistes redoutent qu’il ne soit trop massif et qu’il ne provoque une surchauffe de l’économie américaine. Le taux d’inflation, mesurant la hausse des prix, sera en particulier scruté de près par les observateurs au cours des mois qui viennent. En cas d’accélération trop forte de l’inflation, la Banque centrale américaine, la FED, pourrait être amenée à durcir sa politique monétaire, au travers notamment d’une hausse des taux d’intérêt, ce qui pèserait sur la reprise économique.
Blocage du plan de relance européen
S’il marque un véritable tournant dans la construction de l’Union Européenne (UE) avec la création d’une dette commune européenne, le plan de relance européen semble, quant à lui, de plus faible portée.
Baptisé « Next Generation EU » et doté d’une enveloppe globale de 750 milliards d’euros – divisé en 360 milliards d’euros de prêts et 390 milliards d’euros de subventions –, il ne représente, en effet, « que » 5,6 % du PIB de l’ensemble de l’UE. Pire, le plan de relance européen semble aujourd’hui s’enliser. Depuis le 21 juillet 2020, date de l’accord entre les représentants des 27 pays membres de l’Union Européenne, aucun euro n’a été effectivement déboursé.
Il est difficile de comparer les politiques budgétaires aux États-Unis et en Europe
Il est légitime de vouloir comparer l’effort budgétaire déployé de part et d’autre de l’Atlantique. Toutefois, cette comparaison est limitée par le fait que les budgets nationaux sont, au sein des deux zones économiques, relativement différents.
Les pays européens sont, en effet, généralement dotés de davantage de système d’assurances sociales, assurant des filets de sécurité à la population, que les États-Unis. Ainsi, une partie des mesures de soutien à l’économie est, en Europe, déjà comprise dans les budgets européens à travers les stabilisateurs automatiques – c’est-à-dire le rôle contra-cyclique des finances publiques –, et ne fait donc pas l’objet d’un plan de relance comme aux États-Unis.
Deux facteurs expliquent ce « retard » européen dans la mise en œuvre du plan de relance par rapport aux États-Unis.
Difficile accord sur la répartition des fonds
Les différents pays ont, tout d’abord, dû se mettre d’accord sur la répartition des fonds. Les pays qui bénéficieront le plus du plan de relance européen, en valeur absolue, sont ceux dont les économies ont le plus souffert de la pandémie de Covid-19 : en particulier l’Italie et l’Espagne. Rapporté au PIB de chaque pays, les principaux bénéficiaires seront la Croatie, la Bulgarie et la Grèce.
Nécessité d’obtenir l’accord des Parlements nationaux
La deuxième explication au « retard » dans le déploiement du plan de relance européen tient à la nécessité d’obtenir, pour la Commission européenne, l’aval des Parlements nationaux des 27 pays membres de l’UE. En effet, chaque État doit officiellement approuver le relèvement du plafond de ressources propres de l’UE, préalable à tout emprunt de la Commission européenne.
16 pays européens, dont la France, ont, d’ores et déjà, donné leur accord. Le processus est, en revanche, actuellement bloqué en Allemagne, où la Cour constitutionnelle doit statuer sur une plainte déposée fin mars et arguant du caractère inconstitutionnel du plan de relance européen. Selon cette plainte, la création d’une dette commune européenne pourrait, en effet, porter atteinte à la souveraineté de l’Allemagne en matière budgétaire. Si la Cour constitutionnelle allemande n’a, pour le moment, fourni aucun calendrier, il apparaît que, même en cas d’issue favorable, les premières mesures du plan de relance européen ne pourraient pas être mises en place avant l’été au mieux…