Le principe de la Super Ligue
Tel un serpent de mer, le projet revenait dans l’actualité depuis plusieurs années et était, régulièrement, agité comme une menace par les clubs les plus riches d’Europe. L’annonce est brutalement intervenue dimanche 18 avril dans la soirée : douze clubs européens de football ont annoncé la création dès 2022 d’une nouvelle compétition européenne, baptisée Super Ligue.
La Super Ligue a été fondée par 12 clubs majeurs européens : 6 anglais (Liverpool, Manchester City, Manchester United, Chelsea, Tottenham et Arsenal), 3 espagnols (Real Madrid, Barcelone, Atlético de Madrid) et 3 italiens (Juventus, Inter, Milan AC).
Cette Super Ligue a pour objectif de supplanter la Ligue des champions, la compétition interclubs reine en Europe organisée par l’Union des associations européennes de football (UEFA). Alors que cette dernière réunit, dans son format actuel (hors phases de qualification), 32 équipes venues de tous les pays membres de l’UEFA et admises à concourir en fonction de leurs résultats dans leurs championnats nationaux l’année précédente, la Super Ligue constituera un cercle fermé de 20 clubs, dont 15 permanents et 5 invités.
La Super Ligue ne viendrait pas se substituer aux championnats nationaux. Elle se disputerait, en effet, en semaine, du mois d’août au mois de mai, d’abord avec une phase de poules – 2 poules avec 10 équipes –, puis une phase qualificative réunissant les trois premiers de chaque poule et deux clubs qualifiés après un barrage entre le 4e et le 5e de chaque poule.
Les enjeux économiques de la Super Ligue
De puissants intérêts économiques entourent la création de cette Super Ligue. De l’aveu même de ses fondateurs, au premier rang desquels figure Florentino Perez, le président du Real Madrid et premier dirigeant de la Super Ligue, la principale motivation à la création de cette compétition est d’assurer une certaine stabilité financière aux clubs y participant. La pandémie de Covid-19 a accéléré ce mouvement, dans la mesure où elle pèse fortement sur les budgets des clubs de football, déjà fortement endettés par ailleurs.
Plus précisément, selon des estimations publiées par le New York Times, chaque équipe participant à la Super Ligue toucherait près de 350 millions d’euros par an, notamment grâce à la redistribution des droits de retransmission télévisuelle. À titre de comparaison, le Bayern Munich, vainqueur de la Ligue des champions en 2020 au détriment du Paris Saint Germain, n’aurait empoché « que » 130 millions d’euros au titre de sa participation dans cette compétition.
D’où provient cette différence ? La Super Ligue se passerait, tout d’abord, d’un intermédiaire, l’UEFA. Elle verrait, ensuite, les droits de retransmission télévisuelle augmenter grâce à un plus grand nombre de matchs impliquant des clubs prestigieux. Ces droits seraient, en outre, à partager entre un nombre restreint de clubs.
La Super Ligue verra-t-elle véritablement le jour ?
Si cette Super Ligue a officiellement été créée dimanche 18 avril, il est encore peu probable qu’elle puisse véritablement voir le jour en 2022. Elle s’est tout d’abord attirée les foudres de la quasi intégralité du monde du football. Elle s’est vu reprocher une sorte d’apartheid, une mise à l’écart des petits clubs qui ne pourraient plus émerger, et une captation des ressources au profit des plus riches.
Composée de 20 clubs, la Super Ligue laissera, en outre, nécessairement de prestigieuses équipes de côté. Il est, dans ce contexte, probable que la Super Ligue doive étendre son périmètre… ce qui conduirait, de facto, à conserver le format actuel de la Ligue des champions.
L’UEFA a, par ailleurs, menacé d’exclure de toutes les autres compétitions, dont la Coupe du Monde et le Championnat d’Europe des Nations, les joueurs prenant part à la Super Ligue. Devant l’importance en football des compétitions entre équipes nationales, cette menace pourrait dissuader de nombreux joueurs de rejoindre les clubs participant à la Super Ligue.
Si elle n’est pas assurée de voir le jour dès 2022, comme actuellement prévu, cette Super Ligue devrait, toutefois, peser sur les négociations à venir autour de la réforme du format de la Ligue des champions.