Croissance, déficit budgétaire et dette publique, 2021-2027
Publié au mois d’avril 2021, le programme de stabilité établi par le Gouvernement fournit une estimation de l’évolution des finances publiques pour la période 2021-2027. Celles-ci se sont fortement dégradées avec l’irruption de la pandémie de Covid-19 : en l’espace de la seule année 2020, la dette publique est ainsi passée de 98,1 % à 116 % du produit intérieur brut (PIB).
Institué en 1997 à l’occasion de la création du Pacte de stabilité et de croissance, le Programme de stabilité est un document établi par les services du ministère de l’Économie et des Finances, détaillant l’évolution anticipée des finances publiques à moyen terme et produit à des fins de surveillance. Il est obligatoirement transmis par chaque pays membre de l’Union européenne (UE) à la Commission européenne.
Pour établir ces prévisions de trajectoires des finances publiques, le Programme de stabilité simule l’évolution de l’économie à partir de nombreuses hypothèses.
Le scénario retenu par le programme de stabilité est celui d’un fort rebond de l’activité économique en France en 2021 et 2022.
Selon ces hypothèses, la croissance du produit intérieur brut (PIB) atteindrait, en France, 5 % en 2021 et 4 % en 2022. Au cours des années suivantes, l’activité économique continuerait à augmenter, mais à un rythme moins élevé : 2,3 % en 2023, 1,6 % en 2024, puis 1,4 % par an entre 2025 et 2027.
Compte tenu de ces prévisions de croissance, et à législation et politique inchangées, le Programme de stabilité estime que le solde public ne passera sous la barre des 3 % du PIB – le seuil fixé dans les traités européens – qu’en 2027.
Le déficit public restera élevé en 2021 (9 %), avant de se réduire progressivement en 2022 (5,3 %). Il sera ensuite compris entre 4,4 % et 3,2 %.
Du fait de ces déficits publics, et malgré le retour de la croissance économique, la dette publique devrait atteindre un niveau compris entre 116 % et 118 % tout au long de la période 2021-2027.
La dette publique française est-elle soutenable ?
La trajectoire des finances publiques présentée ci-dessus doit-elle nous inquiéter ? S’il existe un consensus parmi les économistes pour considérer qu’un niveau de dette publique trop élevé est néfaste pour l’économie, il est en revanche beaucoup plus délicat, pour ne pas dire impossible, de déterminer précisément le seuil à ne pas dépasser. Celui-ci dépend de la situation macroéconomique, des règles de fonctionnement budgétaires propres à chaque pays, etc.
La soutenabilité de la dette publique renvoie à la capacité à long terme pour l’État de faire face à ses dépenses grâce à ses ressources.
Un des critères majeurs pour juger de la soutenabilité des finances publiques est le niveau des taux d’intérêt. À l’heure actuelle, la France emprunte à des conditions très favorables. Le taux à 10 ans servi sur les emprunts français était encore négatif au 26 avril (-0,005 %). Dans ces circonstances, s’endetter n’est pas très coûteux.
On constate d’ailleurs que la charge d’intérêts de la dette publique rapportée au PIB ne cesse de diminuer en France depuis 2011. Du fait de taux d’intérêt particulièrement bas, voire même négatifs pour certaines maturités, les montants dépensés pour régler les intérêts de la dette sont aujourd’hui plus faibles, rapportés au PIB, qu’il y a 10 ans, alors même que, dans le même temps, le niveau de la dette publique a augmenté. Il est toutefois probable que les taux d’intérêt remontent à l’avenir. C’est cette évolution qui sera scrutée de près.
Le coût de l’endettement n’est, toutefois, pas l’unique critère à prendre en considération. Le montant des emprunts est également un élément important car les milliards empruntés aujourd’hui devront être remboursés dans dix ans et la France devra donc être en mesure dans dix ans de s’endetter pour le même montant (ceci est vrai chaque année, puisqu’en permanence l’État français s’endette pour rembourser le capital emprunté des années auparavant).
Un endettement élevé pose donc la question de la capacité d’un État, dans plusieurs années et dans un contexte incertain, à s’endetter à des conditions correctes pour des montants importants.