Des plans de relance complémentaires pour dynamiser la croissance économique en Europe ?

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Dans ses dernières prévisions publiées mercredi 12 mai, la Commission européenne apparaît comme relativement optimiste sur l’ampleur de la reprise économique au sein de la zone euro. Celle-ci devrait renouer fin 2021 avec son niveau d’activité économique d’avant-crise. Dans ce contexte, des voix s’élèvent, notamment en France, parmi les économistes en faveur de nouveaux plans de relance.

La Commission européenne relève ses prévisions de croissance

Publiées mercredi 12 mai, les dernières prévisions économiques de la Commission européenne sont teintées d’optimisme, alors même qu’elles interviennent dans un contexte marqué par le retour de la récession en zone euro. L’institution européenne table sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 4,2 % et 4,3 % respectivement pour l’Union Européenne (UE) et la zone euro en 2021, et de 4,4 % tant pour l’UE que pour la zone euro en 2022. Cette reprise économique devrait ainsi permettre à la zone euro de retrouver, fin 2021, le niveau d’activité économique qui était le sien fin 2019 avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19.

Selon la Commission européenne, la consommation privée sera le premier moteur de cette reprise économique. Elle prévoit, en effet, un recul du taux d’épargne des ménages à 13,6 % en 2022. Celui-ci a atteint près de 19,4 % en 2020 sous l’effet de la pandémie de Covid-19 et des restrictions sanitaires associées. La reprise économique sera également tirée par la demande extérieure. La Commission européenne estime, en effet, que les deux plans de relance américains, votés respectivement fin 2020 et en mars dernier, contribueront à augmenter le PIB de l’UE de 0,3 et 0,2 point de pourcentage, respectivement en 2021 et 2022. Enfin, la Commission européenne prévoit que les conditions favorables de financement, liées à la faiblesse des taux d’intérêt et à la politique monétaire accommodante menée par la Banque centrale européenne, permettront une progression des investissements, publics notamment. Ainsi, l’investissement public pourrait atteindre 3,5 % du PIB en 2022, son plus haut niveau depuis 2010.

prévisions de croissance économique pour 2021

Les incertitudes pesant sur la reprise économique en Europe

Comme toutes les prévisions économiques – et encore plus en période de pandémie –, celles de la Commission européenne sont soumises à divers facteurs d’incertitude, pouvant les invalider. Parmi ces derniers, on compte :

  • l’évolution de la pandémie de Covid-19 et de la campagne de vaccination en Europe. Les prévisions de la Commission européenne se fondent sur l’hypothèse d’une accélération de l’allégement des restrictions sanitaires au cours de la deuxième moitié de l’année 2021. Toute nouvelle « vague » épidémique pourrait donc venir perturber ces prévisions. De même, la Commission européenne a supposé, dans ses calculs, que la multiplication des variants du virus ne perturbera pas la campagne de vaccination en cours contre le coronavirus ;

 

  • l’évolution du tissu productif de chaque pays. Pour le moment, les entreprises ont, notamment dans les pays européens les plus riches, bénéficié de filets de protection leur permettant de ne pas disparaître malgré l’ampleur de la crise économique. Une vague future de faillites n’est toutefois pas exclue par la Commission européenne. Si elle devait advenir, elle pèserait sur la consommation et l’investissement, et donc à terme sur l’activité économique dans son ensemble ;

 

  • l’évolution des politiques budgétaires menées par les différents pays européens. La Commission européenne met notamment en garde contre la mise en œuvre prématurée de mesures destinées à rétablir l’équilibre des comptes publics. De telles mesures, dites d’austérité, pourraient, en effet, limiter la reprise économique ;

 

Faut-il un autre plan de relance ?

Les prévisions annoncées la semaine dernière par la Commission européenne sont, certes, relativement optimistes par rapport aux précédentes. Cette reprise économique plus forte qu’anticipé intervient, toutefois, après une année marquée par une crise économique d’une ampleur sans précédent. Ainsi, même si la zone euro devrait retrouver fin 2021 le niveau d’activité qui était le sien fin 2019, elle aura perdu au cours de cette crise l’équivalent de deux années de croissance économique.

Dans ce contexte, certains économistes plaident, en Europe, pour la mise en place de nouveaux plans de relance. En France, par exemple, Jean Pisani-Ferry et Olivier Blanchard estiment qu’il est possible « d’effacer totalement les séquelles » de la crise liée à la pandémie de Covid-19 en complétant le plan de relance d’un montant total de 100 milliards d’euros et présenté en septembre, par de nouvelles mesures budgétaires. Selon ces deux économistes, des dépenses publiques supplémentaires de 50 à 60 milliards d’euros permettraient, en effet, à la France de retrouver la trajectoire de croissance qui aurait été la sienne en l’absence de pandémie.

Jean Pisani-Ferry et Olivier Blanchard préconisent tout d’abord un accroissement de l’effort d’investissement de l’État, notamment dans la formation et la mobilité professionnelles. Ils plaident également pour des mesures destinées à accompagner le redressement des entreprises considérées comme viables (par opposition aux entreprises « zombies »). Enfin, les deux économistes recommandent d’orienter une partie de ces dépenses supplémentaires vers les ménages les plus modestes, de façon à relancer la consommation.