Une dette publique détenue à 50 % par des résidents
À l’occasion de la crise économique déclenchée par la pandémie de Covid-19, le niveau de la dette publique française a fortement augmenté, passant de 2 379 à 2 650 milliards d’euros, soit une progression d’environ 16 points de produit intérieur brut (PIB).
La dette publique est constituée par l’ensemble des engagements financiers de l’État et des administrations publiques (collectivités territoriales, organismes de Sécurité sociale, etc.) pris sous forme d’emprunts.
Les données, publiées dans le dernier bulletin mensuel de l’Agence France Trésor (AFT), montrent que la pandémie de Covid-19 n’a globalement pas modifié la structure de détention de la dette publique française. En effet, celle-ci est toujours détenue pour près de 50 % par des entités non-résidentes. Plus précisément, selon l’AFT, les investisseurs non bancaires et les banques non résidentes pèsent respectivement pour 25 % et 5 % dans la dette publique française. Le secteur public non-résident en détient, quant à lui, 18 %.
Les résidents désignent les personnes, physiques ou morales, dont le domicile ou l’établissement principal est situé en France, quelle que soit leur nationalité.
Du côté des entités résidentes détenant la dette publique française, on peut noter le poids prépondérant de la Banque centrale. La Banque de France détient, en effet, à elle seule, près de 18 % de la dette publique française. Cela s’explique par la politique d’achats de titres décidée par la Banque centrale européenne (BCE) et mise en œuvre par les banques centrales nationales – en France, la Banque de France –, afin de lutter contre les conséquences de la pandémie de Covid-19 et d’améliorer les conditions de financement des agents économiques au sein de la zone euro. Viennent ensuite les investisseurs non bancaires et les banques commerciales qui détiennent respectivement 17 et 16 % de la dette publique française.
La structure de détention de la dette publique est-elle importante ?
On peut s’interroger sur les effets de la détention de la dette publique par des agents économiques non-résidents. Ils sont, en effet, contrastés et complexes.
D’un côté, les États peuvent avoir une préférence pour une détention de leur dette par des investisseurs résidents, car ces derniers sont plus « captifs » que les non-résidents. Ils sont, en effet, moins susceptibles de retirer leurs investissements en cas de crise ou d’incertitudes économiques. De plus, lorsque la dette publique est détenue par des résidents, l’État dispose d’un certain pouvoir coercitif, qu’il peut exercer par exemple en jouant sur la pression fiscale ou la règlementation financière.
La détention de la dette publique par des investisseurs résidents permet donc une plus grande stabilité du financement public.
Mais d’un autre côté, la présence de non-résidents dans la structure de détention de la dette publique indique également qu’il existe une demande à l’étranger pour les obligations émises par l’État concerné. Cette attractivité de la dette publique facilite le financement de l’État et lui permet notamment d’accéder à des taux d’intérêt plus faibles, toutes choses égales par ailleurs.