Covid-19 et entreprises : une trésorerie préservée au détriment du taux d’endettement
Les études parues récemment (mai/juin 2021), qu’elles émanent de la Banque de France, de BPI France / REXECODE ou de Chambres de Commerce montrent qu’en moyenne la situation financière des entreprises est contrastée à la sortie ou presque de la crise COVID-19 :
- la trésorerie de la majorité des entreprises n’a pas diminué ;
- elles sont près d’un tiers à avoir souscrit un PGE (prêt garanti par l’État), certaines par précaution (60 %) pour maintenir leur trésorerie et plus de la moitié ne l’ont utilisé que partiellement. Elles ont pu bénéficier d’autres types d’aides comme le fonds de solidarité, l’affacturage… sans jamais ou presque compenser totalement la perte d’activité ;
- leur endettement s’est donc sensiblement accru, surtout si on y intègre les reports de dettes sociales et fiscales.
Selon une étude du ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, « L’effet des mesures de soutien s’observe également sur la solvabilité : alors que la part d’entreprises insolvables aurait augmenté de 8,3 points sans soutien public, cette hausse est limitée à 3 points par le soutien public. »
De plus, malgré un moral des chefs d’entreprises encore peu optimiste, les défaillances d’entreprises sont en net recul et les créations d’entreprises sont plus nombreuses, avec des disparités selon les secteurs (gros boom dans le numérique, le transport, l’immobilier et les activités liées à l’environnement) : en 2020, 848 200 entreprises ont vu le jour (+ 4 % par rapport à 2019), surtout des micro-entreprises.
Et, en tenant compte des conditions de crédit favorable (globalement l’accès au crédit reste aisé y compris pour les petites entreprises), l’investissement des entreprises n’a pas trop pâti de la crise et les prévisions restent positives. Ces prévisions d’investissement intègrent les enseignements tirés de la crise :
- besoin de renforcer la digitalisation des processus ;
- évolution des modes de travail avec un accent sur le télétravail ;
- transition en matière d’environnement.
Recrutement, consommation, baisse des soutiens publics… Des risques bien réels
Les risques perdurent néanmoins. Les entreprises qui étaient déjà fragiles avant la crise (ex : les plus mal cotées par la Banque de France), sont celles dont l’évolution pourrait être la moins favorable surtout dans des secteurs très touchés (hôtellerie/restauration). Les craintes les plus fortes portent sur :
- la reprise de la consommation : le taux des économies réalisées par les particuliers qui seront réintégrées dans la consommation est encore inconnu, comme leur rythme ;
- le mode et la rapidité du retrait des soutiens publics ainsi que le délai de remboursement des aides voire la mise en place de nouvelles formes d’aides (ex : prêts participatifs, aides à l’export) ;
- les difficultés de recrutement de personnel spécialisé et l’exacerbation de la concurrence.
Selon l’étude de la Banque de France, « 6 à 7 % du total des entreprises cotées pourraient être confrontées à des difficultés lors de la levée des mesures d’accompagnement (…) Cette proportion est plus élevée dans certains secteurs, le plus touché par la crise étant logiquement celui de l’hébergement-restauration où elle atteint 10 à 13 % ».