Pénurie de semi-conducteurs à l’échelle mondiale
Phénomène extrêmement rare, certains constructeurs automobiles ont dû ralentir ou cesser leur production fin mai. La raison ? Une pénurie à l’échelle mondiale de semi-conducteurs ! Cette pénurie pourrait, selon les analystes de ce secteur, durer encore pendant plusieurs semaines, ce qui constitue un phénomène économique rare.
Les semi-conducteurs, parfois appelés « puces électroniques », entrent, à l’heure actuelle, dans la chaîne de fabrication d’innombrables objets : téléphones, ordinateurs, appareils connectés, etc.
Cette pénurie s’explique, tout d’abord, par des facteurs conjoncturels. La pandémie de Covid-19 constitue le premier d’entre eux… et non des moindres ! Elle a, en effet, impacté négativement l’offre et positivement la demande de semi-conducteurs. À l’instar de nombreux secteurs, l’offre de puces électroniques a souffert des conséquences immédiates de la pandémie, certaines usines devant, par exemple, fermer temporairement leurs portes en 2020.
Dans le même temps, la demande de puces électroniques s’est fortement accrue à la suite de l’explosion des achats d’ordinateurs, de téléphones ou encore de consoles de jeux au cours de l’année 2020, dans un contexte de généralisation du télétravail et de mises en place de restrictions de mouvements de population.
Dans ce contexte tendu, deux évènements récents ont pesé sur le marché des semi-conducteurs. Un incendie a, tout d’abord, touché, en mars dernier, l’une des plus importantes usines de fabrication de semi-conducteurs destinés aux automobiles à Naka au Japon. La production des usines taïwanaises a, ensuite, dû être ralentie du fait de la sécheresse et de la difficulté pour acheminer de l’eau dans les usines de semi-conducteurs, grandes consommatrices d’eau.
La pénurie, une composante essentielle du marché des semi-conducteurs
Au-delà de ces aspects conjoncturels, la pénurie de semi-conducteurs s’explique également par un facteur structurel et tient au fonctionnement particulier de ce marché. La production de puces électroniques suit en effet un cycle comprenant des oscillations régulières entre sous-approvisionnement et sur-approvisionnement. La pénurie est donc une composante inhérente au marché des semi-conducteurs.
La production de semi-conducteurs suit, en effet, ce que les économistes appellent le « cycle du porc ». Identifié pour la première fois dans les années 1920 aux États-Unis par l’économiste Mordecai Ezekiel, il décrit une situation dans laquelle l’offre d’un bien est, de manière périodique, trop faible ou trop forte pour répondre à la demande de ce même bien.
Prenons l’exemple des porcs : lorsque les prix augmentent, les producteurs sont, massivement, incités à agrandir leur cheptel et à investir afin de répondre à la demande croissante. Or, un laps de temps incompressible est nécessaire pour que ces investissements se transforment en une augmentation de l’offre : il y a alors sous-production. Une fois ce laps de temps passé, la production augmente sensiblement, ce qui a tendance à provoquer une baisse des prix et une diminution de l’investissement qui entraînera, par la suite, une nouvelle situation de pénurie et ainsi de suite.
Un cycle similaire est à l’œuvre pour les puces électroniques. Les investissements substantiels, tant physiques (usines, chaînes de production, etc.) qu’en recherche et développement, menés par les fabricants de semi-conducteurs, ne se traduisent pas immédiatement par un ajustement de l’offre à la demande. Dans ce contexte, la pénurie de puces électroniques pourrait encore durer plusieurs semaines… et se reproduire au cours des années à venir !