Les transferts d’argent sont nécessaires, voire indispensables pour famille et amis restés dans leur pays d’origine. Selon les Nations Unies, plus de 200 millions de travailleurs migrants ont envoyé environ 554 milliards de dollars à leurs familles en 2019, pour un montant moyen mensuel de 200 à 300 dollars (160 à 250 €).
Un montant qui peut sembler peu élevé, mais dans les faits, il s’avère plus que salvateur et sert principalement aux dépenses du ménage, à l’éducation des enfants et à la santé au quotidien. Il est aussi absolument indispensable en cas de crise, qu’elle soit familiale ou locale (mauvaises récoltes).
Ces échanges concernent beaucoup de personnes puisque le Fonds international de développement agricole des Nations Unies estime qu’une personne sur sept dans le monde en est soit expéditeur soit destinataire. Ils participent à l’inclusion sociale et économique dans les pays en voie de développement.
Impact du COVID 19 sur ces flux monétaires
Alors que les envois de fonds croissent régulièrement (multipliés par cinq sur 20 ans), la Banque mondiale révèle une baisse de seulement 1,6 % en 2020 du fait de la crise sanitaire (très inférieure à ses prévisions qui étaient de l’ordre de 20 %) et la tendance à la hausse est repartie sur 2021.
« Plusieurs facteurs expliquent cette baisse moins importante que prévue, au lendemain de la pandémie de COVID-19, le principal étant que les migrants mettent au premier plan les besoins de leur famille, réduisant leur consommation personnelle et puisant dans leurs économies », Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU.
Les canaux de ces transferts d’argent
Le bénéficiaire de transfert d’argent, qui se trouve souvent à l’étranger, reçoit la somme sur son compte bancaire ou sur une application liée à son téléphone mobile ou à sa carte de crédit. Dans la majorité des cas, il la récupère en espèces à un guichet lié à l’intermédiaire ayant réalisé ce transfert.
Compte tenu de différents facteurs (coûts structurels trop élevés face à la nécessité d’investissements technologiques colossaux, difficultés à recruter des correspondants fiables, impacts de la réglementation et notamment de la lutte contre le blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme), les banques traditionnelles ont été évincées de ce marché au profit de :
- réseaux spécialisés comme Western Union ou Moneygram, qui restent encore dominants ;
- opérateurs de téléphonie mobile comme OrangeBank/OrangeMoney, en croissance notamment pendant la pandémie du fait de restrictions sur l’accès aux espèces ;
- jeunes pousses technologiques comme Wise ou Remitly, en croissance forte, qui utilisent comme les suivants, la technique du P2P (de particulier à particulier sur un réseau de type Internet) ;
- généralistes mondiaux du paiement comme l’américain Paypal ou le chinois Wechat.
Parmi les points à prendre en compte pour comparer tous ces services :
- la rapidité du transfert ;
- la zone de couverture ;
- la sécurisation du transfert ;
- le mode de délivrance des sommes à l’arrivée : sur compte, à domicile, à un guichet…
- les planchers et plafonds des sommes qu’il est possible d’envoyer ;
- les taux de change appliqués.
Deux prestataires comparés : Western Union et Wise
Western Union a plus de 150 ans. Elle est cotée à la bourse de New-York.
Pour exercer ses activités en France, elle possède une licence d’établissement de crédit délivrée par le superviseur bancaire autrichien (et profite de la reconnaissance d’un tel agrément au niveau européen). Western Union compte plusieurs milliers d’agences dans le monde, dont elle réduit le nombre drastiquement, en privilégiant ses « points de contact », créés via des partenariats locaux (plus de 500 000 points de contact dans 200 pays).
Wise (ex-Transferwise) a été fondée en 2010.
Elle est spécialisée dans le transfert d’argent en P2P. Elle possède une licence d’établissement de monnaie électronique délivrée par le superviseur bancaire britannique et d’établissement de paiement octroyé par le superviseur bancaire belge. Son actionnariat est composé notamment de Richard Branson, le PDG de Virgin ou encore avec des créateurs de Skype. Elle réussit régulièrement des levées de fonds importantes.
Des transferts d’argent toujours onéreux
La Banque mondiale estime qu’en 2020 le coût d’un transfert d’argent international est de 6,3 % de son montant, avec des variations selon les zones géographiques (la zone subsaharienne est la plus chère). Un des objectifs des Nations Unies pour faciliter le développement durable « vise à réduire les coûts de transaction à moins de 3 % d’ici 2030 grâce à l’utilisation de nouvelles technologies ».
La numérisation et l’utilisation du téléphone portable permettent, en effet, des solutions moins onéreuses et néanmoins accessibles au plus grand nombre.
Le coût d’un transfert dépend de plusieurs facteurs dont :
- Le montant (avec des effets de seuil) ;
- Les pays d’émission et de destination ;
- Les modalités de collecte et de remise des fonds (récupérer des espèces dans un guichet – facturé en sus, en moyenne, entre 3 et 5 € en 2021 – est plus onéreux qu’un crédit sur un compte bancaire).
En 2021, les taux de ces frais oscillent entre à 0,5 % et 5 % avec la majorité des tarifs entre 1,5 et 2 %. Quelques prestataires présentent leur offre sous forme de frais fixes, par exemple de 2 € pour un transfert de faible montant.