La commission Blanchard-Tirole
À la sortie du premier confinement, en mai 2020, Emmanuel Macron avait chargé une commission, composée de 26 économistes réputés internationalement, de se pencher sur les « grands défis économiques » de notre temps et de fournir des recommandations de politique économique pour les relever.
Cette commission, dite « Blanchard-Tirole » du nom des économistes français Olivier Blanchard et Jean Tirole – ce dernier ayant remporté le prix Nobel d’économie en 2014 – désignés comme rapporteurs, a rendu son rapport au cours de la semaine dernière.
La commission Blanchard-Tirole composée de membres prestigieux… mais critiquée pour son manque de pluralisme
La commission Blanchard-Tirole compte parmi ses rangs des économistes prestigieux. Parmi ces derniers, on peut par exemple citer deux autres lauréats du prix Nobel d’économie : Paul Krugman, célèbre pour ses travaux renouvelant la théorie du commerce international et Peter Diamond, spécialiste des frictions sur le marché du travail, ou les économistes français comme Philippe Aghion, Laurence Boone, Daniel Cohen, Thomas Philippon ou encore Jean Pisani-Ferry. La commission Blanchard-Tirole a, toutefois, fait l’objet de critiques, notamment pour son manque de pluralisme.
Concrètement, outre une synthèse et un chapitre introductif rédigés par les deux rapporteurs – O. Blanchard et J. Tirole –, le rapport de la commission se divise en trois chapitres, chacun produits par deux ou trois auteurs et ayant fait l’objet de discussions collectives lors de séances plénières.
La commission Blanchard-Tirole s’est concentrée sur les trois « défis majeurs à relever en ce début de XXIe siècle », à savoir :
- le réchauffement climatique,
- les inégalités,
- le vieillissement de la population.
Comment lutter contre le réchauffement de la planète ?
Le premier défi majeur identifié par la Commission Blanchard-Tirole concerne le réchauffement climatique. Celui-ci semble, d’ores et déjà, inévitable et engendrera des coûts humains, économiques et sociaux considérables. Les experts prévoient, en effet, une multiplication des conflits à l’échelle planétaire, de même que des déplacements massifs de population.
Afin de limiter l’ampleur et les effets de ce changement climatique, la Commission Blanchard-Tirole mise principalement sur la tarification du carbone et un effort supplémentaire en recherche et développement (R&D). Bien que particulièrement impopulaire auprès de l’opinion publique, comme l’a par exemple montré l’épisode des Gilets jaunes en France, la taxe carbone est un instrument plébiscité par les économistes.
Elle permet, en effet, de « donner un prix » au carbone et donc de fixer une valeur monétaire aux dégâts écologiques causés, ce qui permettrait d’orienter les agents économiques vers des comportements plus vertueux pour l’environnement. Pour ses opposants, une taxe carbone généralisée risque, toutefois, de peser davantage sur le budget des ménages les plus modestes.
Comment lutter contre les inégalités ?
Plusieurs types d’inégalités caractérisent, à l’heure actuelle, l’économie française. Elles portent sur :
Pour lutter contre ces inégalités, la Commission Blanchard-Tirole propose, tout d’abord, de faciliter la mobilité sociale, notamment en misant sur l’éducation et en investissant sur la formation professionnelle. Il s’agit ici d’augmenter l’égalité des chances.
Selon un sondage réalisé à l’occasion des travaux de cette Commission, près de 70 % des personnes interrogées estimait que l’éducation est bien meilleure pour les enfants appartenant à une catégorie socio-économique élevée.
Deuxième piste envisagée : une réforme de la taxation sur les successions et les donations. Outre la suppression des niches fiscales, la Commission Blanchard-Tirole préconise de fonder le système fiscal des successions sur les bénéficiaires et non sur les donateurs comme c’est actuellement le cas.
Comment prendre en compte les changements démographiques ?
Le troisième grand défi auquel l’économie française se trouvera confrontée dans les années à venir est lié au vieillissement de sa population. Dans ce contexte se pose la question du financement de la dépendance et du système des retraites.
Le système des retraites actuellement en vigueur en France est un système dit « par répartition » dans lequel les actifs cotisent pour les inactifs.
C’est sans doute sur la réforme du financement des retraites que la Commission Blanchard-Tirole innove le moins. Afin de garantir la pérennité du système, elle propose, en effet, un projet similaire à celui avancé par Emmanuel Macron juste avant l’irruption de la pandémie de Covid-19. Il s’agirait de fonder le financement des retraites sur un système unique par points doté d’un âge pivot. Dans le projet proposé par la Commission Blanchard-Tirole, l’âge de départ pour une retraite à taux plein passerait de 62 à 64 ans.