La nouvelle cible d’inflation de la BCE
Créée en 1998 et située à Francfort, la Banque centrale européenne a pour fonctions principales d’émettre l’euro, de définir la politique monétaire unique des pays ayant adopté l’euro et de superviser le système bancaire et des paiements de la zone euro.
Dans ce contexte, l’objectif principal de la BCE, tel que défini par l’article 127 du Traité de fonctionnement de l’Union européenne, est d’assurer la stabilité des prix. Depuis 2003 et la précédente « revue stratégique » de la BCE, cet objectif se traduisait, selon la formule consacrée, par une recherche d’un taux d’inflation « proche de, mais inférieur à 2 % » par an.
La BCE a présenté, le 8 juillet dernier, un changement de stratégie : sa cible d’inflation est toujours fixée à 2 %, mais est, désormais, symétrique, le seuil de 2 % étant entendu comme un objectif à moyen terme.
Autrement dit, toute déviation par rapport à ce taux cible, qu’elle soit positive ou négative, est, désormais, perçue par la BCE comme indésirable. Lorsque le taux d’inflation est inférieur à 2 %, comme c’est le cas en zone euro depuis quasiment une dizaine d’années (exception faite de 4 mois en 2018), l’emploi d’une politique monétaire particulièrement expansionniste est nécessaire pour empêcher l’entrée en déflation. C’est notamment dans ce contexte que la BCE a mis en œuvre une politique monétaire, non conventionnelle, expansionniste depuis le déclenchement de la pandémie de Covid-19. Cette nouvelle cible d’inflation signifie également que la BCE pourrait ne pas adopter de mesures trop restrictives si l’inflation venait, au cours d’une période transitoire, à dépasser modérément la cible.
Un ciblage d’inflation similaire à la FED
Bien que les deux banques centrales disposent de mandats différents, la révision stratégique de la BCE fait écho à celle décidée à la fin de l’été dernier par la Réserve Fédérale américaine (FED). Jerome Powell, le président de la FED, avait, en effet, annoncé fin août 2020, que la FED pourrait, à l’avenir, laisser l’augmentation des prix dépasser le seuil de 2 % par an, afin de compenser une période antérieure d’inflation inférieure à cette cible.
Une meilleure prise en compte du coût du logement dans le calcul de l’inflation
Outre cette adaptation de sa cible d’inflation, la BCE a présenté, au cours de sa « revue stratégique » une révision méthodologique de la construction de l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) servant de référence au calcul du taux d’inflation en zone euro. Il s’agit notamment de mieux prendre en compte les prix immobiliers dans l’inflation. Jusqu’à présent, seuls les loyers versés par les ménages étaient effectivement intégrés dans le calcul de l’IPCH, l’achat d’un logement par un ménage étant considéré, en comptabilité nationale, comme un investissement et non comme une consommation.
Les coûts liés au logement et les prix immobiliers ont sensiblement augmenté au cours de ces dernières années. Aussi, afin que l’IPCH soit le plus crédible et représentatif possible, la BCE a décidé d’inclure dans le calcul de son indice, une partie des coûts supportés par les ménages propriétaires de leur logement. Selon certains observateurs, cette révision aurait, toutefois, un impact limité (0,1 à 0,2 point de pourcentage).