Reprise économique hétérogène
Dans sa traditionnelle cartographie des marchés et des risques, publiée en juillet, l’Autorité des marchés financiers (AMF) insiste sur l’existence de trois types d’aléas : sanitaires, économiques et financiers.
Les risques sanitaires ne sont, malheureusement, plus à présenter et portent sur les évolutions futures de la pandémie de Covid-19. Un retour de vagues épidémiques est, en effet, loin d’être exclu, ce qui pourrait rendre nécessaire de nouvelles périodes de confinement, en France ou dans d’autres pays, extrêmement dommageables pour l’activité économique.
Outre cet aléa sanitaire, l’AMF pointe, comme principal risque économique, la forte hétérogénéité entre secteurs constatée depuis le début de la reprise. Celle-ci suit, en effet, une « forme en K », dans laquelle certains secteurs connaissent un rebond économique, parfois rapide, tandis que d’autres demeurent englués dans la crise. Il en résulte :
- Une accélération de l’inflation dans les secteurs connaissant une reprise économique forte et donc des tensions liées à l’approvisionnement et à l’emploi ;
- Des défaillances à venir d’entreprises en difficulté dans les domaines ne parvenant pas à rebondir.
L’inflation, mesurée par l’évolution de l’indice des prix à la consommation, a atteint, en France, 0,1 % en juin, soit 1,5 % en rythme annualisé.
L’AMF souligne que cette divergence entre les différents secteurs pourrait bien être durable, ce qui pourrait en accentuer les effets à moyen terme.
Hausse de l’endettement, inflation et évolution de la politique monétaire
Du point de vue plus strictement monétaire et financier, l’AMF note une certaine normalisation du comportement des marchés financiers depuis le début de l’année. Si les marchés actions atteignent des niveaux particulièrement élevés, le gendarme de la bourse insiste sur la baisse de la volatilité observée par rapport à l’année dernière.
La volatilité d’un actif financier mesure les variations du cours de cet actif. Elle est généralement appréhendée à partir d’indices comme le VIX (volatility index).
L’AMF est, en revanche, plus prudente concernant l’augmentation de l’endettement, l’inflation et l’évolution de la politique monétaire. Déjà élevé avant l’irruption de la pandémie de Covid-19, l’endettement, notamment public, atteint désormais des niveaux préoccupants selon l’AMF. En particulier, la solvabilité de nombreux acteurs, qu’ils soient publics ou privés, repose, aujourd’hui, sur la faiblesse des taux d’intérêt, rendue possible par les mesures non conventionnelles accommodantes mises en œuvre par les Banques centrales.
Fin 2020, la dette publique cumulée des pays membres de la zone euro atteignait près de 11 107 milliards d’euros, soit 98 % du produit intérieur brut (PIB).
« Les excès de dette, déjà préoccupants avant la crise, se sont accrus avec la pandémie et la solvabilité de nombreux émetteurs dépend de la capacité des banques centrales à maintenir les taux d’intérêt réels à des niveaux suffisamment bas », explique le régulateur. Dans ce contexte de rebond de l’inflation et d’accroissement de l’endettement, la politique monétaire menée par les Banques centrales devra faire face à deux dangers :
- Le premier est lié à un durcissement trop rapide de la politique monétaire afin de lutter contre l’inflation, notamment en augmentant les taux d’intérêt. Cela pourrait, en effet, freiner la reprise économique et dégrader encore davantage la situation financière des agents économiques endettés ;
- Le second tient, quant à lui, à un maintien trop long d’une politique monétaire accommodante, susceptible de prolonger le recours à l’endettement.
Ces deux dangers illustrent le dilemme auquel se trouveront confrontées à terme les Banques centrales.
L’épargne des ménages : toujours trop sécuritaire
Avec les confinements subis en 2020, les Français ont massivement épargné… Mais essentiellement sur des supports bancaires à court terme (et notamment sur le Livret A). Toutefois, on constate un regain d’intérêts pour les marchés financiers.
« La mobilisation de cette épargne pour financer la sortie de la crise sera probablement un enjeu majeur des années à venir, afin d’orienter l’épargne des ménages vers le financement en fonds propres des entreprises ». Toutefois, et avec les valorisations élevées constatées sur les marchés financiers, l’AMF craint qu’ « un investissement massif en haut de cycle engendre des pertes futures et décourage les épargnants à davantage investir sur ce type de supports ».
Pour les particuliers, le conseil est d’opter pour un investissement progressif permettant de réduire les risques sur les marchés actions et obligataires tout en se constituant un capital sur le moyen long terme.