Le Belize et les défauts de paiement
Le Belize peut être qualifié de serial defaulter (littéralement, un « mauvais payeur en série ») selon la terminologie popularisée par les économistes C. Reinhart et K. Rogoff. Ce pays d’Amérique centrale a, en effet, connu de multiples épisodes de crise liés à son endettement au cours des deux derniers siècles. Il a, par exemple, fait défaut ou restructuré sa dette souveraine à cinq reprises au cours des 15 dernières années.
Un pays se trouve en défaut de paiement sur sa dette lorsqu’il ne peut plus assurer le paiement des échéances de celle-ci.
Les deux derniers défauts du Belize datent de 2020 et 2021. À l’instar de la quasi-totalité du globe, le pays a subi de plein fouet la crise du Covid-19 : fortement dépendant de l’activité touristique, le Belize voyait, ainsi, son produit intérieur brut (PIB) reculer de 14 % en 2020 selon les estimations de la Banque mondiale. Dans le même temps, sa dette publique s’envolait et s’approchait de 85 % du PIB. Un tel niveau d’endettement, pourtant inférieur à celui que connaissent certains pays développés – la dette publique atteint par exemple 118 % du PIB en France –, n’est guère soutenable dans un pays doté d’un système fiscal peu performant et dépourvu d’une forte épargne domestique.
Dans ce contexte, la dette souveraine du Belize figure parmi les moins bien notées au monde par les agences de notation – CC selon Standard & Poor’s, Caa3 pour Moody’s – et se classe dans la catégorie des pays « en défaut, avec quelques espoirs de recouvrement ».
Belize : une restructuration de la dette teintée de vert
Le Belize vient de conclure un accord avec ses principaux créanciers afin de restructurer sa dette. D’une manière générale, une telle opération présente un double intérêt :
- Pour les créanciers, elle permet d’espérer récupérer une partie des sommes investies et est donc préférable, de ce point de vue, à une banqueroute pure et simple.
- Pour le pays débiteur, une restructuration de la dette allège le poids de celle-ci, car elle s’accompagne d’une réduction du montant de la dette et/ou du taux d’intérêt nominal, et permet de ne pas se couper totalement des investisseurs internationaux.
L’accord prévoit, tout d’abord, une réduction de 45 % du montant de la dette détenue par les investisseurs. Chaque détenteur d’une obligation de 1000 dollars recevra ainsi 550 dollars. La renégociation du montant nominal de la dette est habituelle dans les restructurations. Ce qui l’est moins, c’est que cette restructuration de la dette s’accompagne d’une mesure environnementale. Le Belize s’est, en effet, engagé à financer à hauteur de 23,4 millions de dollars des projets de conservation marine destinés notamment à protéger sa barrière de corail.
L’inclusion de critères environnementaux dans une opération de restructuration d’une dette souveraine est une première. Cette pratique pourrait, toutefois, se généraliser à l’avenir en raison d’un intérêt grandissant des investisseurs institutionnels pour des investissements orientés vers des critères ESG (environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance).