Contexte de la COP 26
Conférence internationale organisée par les Nations Unies, la COP 26 (pour 26e conférence des parties) s’est ouverte le 1er novembre à Glasgow. Reportée d’une année à cause de la pandémie de Covid-19, elle intervient dans un contexte marqué par le réchauffement climatique et une multiplication des catastrophes naturelles en lien avec celui-ci.
Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) paru l’été dernier insiste, en effet, sur l’accélération plus rapide qu’estimée du réchauffement climatique. Selon celui-ci, la température à l’échelle de la planète a, d’ores et déjà, augmenté de 1,1°C par rapport à la deuxième moitié du XIXe siècle. Le seuil de 1,5°C, considéré par de nombreux scientifiques comme pouvant causer des dégâts planétaires irréversibles, pourrait être franchi d’ici 2030, soit plus rapidement qu’estimé dans les rapports précédents du GIEC.
Selon le dernier rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le nombre de catastrophes d’origine météorologique, climatique ou hydrologique a, en outre, été multiplié par 5 au cours de la période 1970-2019, causant notamment d’importants dégâts matériels. D’après l’OMM, le réchauffement climatique joue un rôle important dans le déclenchement de catastrophes marines ou océaniques, comme les cyclones et les inondations.
L’accroissement de la concentration de CO2 depuis 1800
À l’échelle de l’histoire de l’humanité, l’accroissement de la concentration de CO2 est relativement récent. En effet, alors que les niveaux de concentration mondiale de CO2 sont demeurés compris entre 270 et 285 ppm avant le déclenchement de la révolution industrielle, ils ont progressivement augmenté à partir du début du XIXe siècle. Une véritable accélération a lieu après la Seconde Guerre mondiale : la concentration annuelle moyenne mondiale de CO2 était de 312 ppm en 1950, elle atteint désormais près de 408 ppm, soit une augmentation de près de 30 % en l’espace de 70 ans !
Objectifs de la COP 26
Dans ce contexte, la COP 26 vise, tout d’abord, à garantir un niveau zéro d’émission nette au niveau mondial d’ici 2050, seule possibilité, selon les scientifiques, d’espérer limiter le réchauffement climatique à + 1,5°C. La réalisation de cet objectif passe notamment par l’abandon rapide du charbon comme combustible, une réduction de la déforestation et le développement d’énergies renouvelables.
Le deuxième objectif de la COP 26 consiste à mobiliser des fonds à destination des pays en développement les plus touchés par les conséquences du réchauffement climatique. Dès 2009, lors de la COP 15, les pays développés s’étaient engagés à verser, d’ici 2020, une somme annuelle de 100 milliards de dollars (environ 86 milliards d’euros) à ces pays, via un « Fonds vert pour le climat », géré par l’Organisation des Nations Unies (ONU). Si le Fonds est aujourd’hui pleinement opérationnel et a financé 190 projets à hauteur de 10 milliards de dollars depuis 2015, l’objectif de 100 milliards de dollars n’a toujours pas été atteint.
Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), près de 423 milliards de dollars (environ 365 milliards d’euros) sont dépensés chaque année à l’échelle mondiale pour subventionner la consommation de combustibles fossiles, une pratique allant à l’encontre de l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Enfin, la COP 26 a pour objectif de renforcer la coopération internationale en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Il s’agit notamment de finaliser les modalités d’application de l’Accord de Paris, signé à l’occasion de la COP 21.
Vers des objectifs plus ambitieux et contraignants ?
La COP 26 est souvent présentée comme la conférence de la « dernière chance » (comme l’avait été avant elle la COP 25, la COP 24, …). Les scientifiques dénoncent, en effet, le manque d’ambition des engagements pris par les différents pays et l’absence de contraintes fortes dans leur mise en œuvre.
Selon le site Climate Action Tracker, la Gambie est actuellement le seul pays à mener une politique compatible avec ses engagements et avec le respect de l’objectif d’une augmentation des températures limitée à 1,5°C.
Dans son rapport intitulé « Emissions Gap », le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) estime qu’avec les engagements actuels de la part d’environ 150 pays, s’ils étaient tenus, les émissions mondiales devraient être réduites de 7,5 % d’ici 2030. Or, le GIEC estime que la baisse des émissions devrait être de 55 % pour que le réchauffement climatique soit limité à +1,5°C…
L’État français récemment condamné en justice pour son inaction climatique
La France est loin d’être le meilleur élève en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Elle a, en effet, été condamnée en justice dans « l’Affaire du siècle ». Initiée par quatre associations – Fondation pour la nature et l’homme, Greenpeace France, Notre affaire à tous et Oxfam France – et soutenue par une pétition ayant réuni plus de 2 millions de signatures, elle visait à dénoncer les manquements du gouvernement français dans la mise en œuvre des engagements de la France en matière de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Le tribunal administratif de Paris a, en février 2021, reconnu l’État fautif de ne pas avoir respecté le budget carbone pour la période 2015-2018. En octobre dernier, le même tribunal a, dans une deuxième décision, ordonné au gouvernement de prendre « toutes les mesures utiles » pour « réparer le préjudice écologique », estimé à 15 millions de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone, d’ici le 31 décembre 2022.