Le coût des sinistres climatiques pour les assureurs devrait doubler sur la période 2020/2050
En cumulant les quatre périls étudiés (inondation, sécheresse, submersion marine et tempête), les projections pour les 30 années à venir estiment à 143 Mds€ le coût de ces aléas pour les assureurs.
Il s’agirait d’un doublement du coût par rapport à la période de référence de l’étude 1989-2019 soit une augmentation de 69 Mds€,.
Sinistres climatiques : zoom sur la période 1989-2019
Si 1991 a été l’année la moins sinistrée (800 M€), 1999 a été la plus sinistrée (13,9 Mds€, avec notamment les tempêtes Lothar et Martin). En moyenne annuelle, sur ces trente années, les assureurs ont versé 5 740 € par sinistre
Décomposition du doublement des coûts des sinistres liés aux aléas naturels étudiés
L’étude permet de mieux comprendre ce doublement du coût des sinistres climatiques sur la période à venir jusqu’en 2050. Elle met notamment en exergue que :
L’enrichissement global durant cette période devrait peser pour 37 Mds€, soit 53 % de l’augmentation
Cet effet traduit le fait que la France devrait connaître un enrichissement matériel au cours des 30 prochaines années, ce qui entraînera, de façon mécanique, une hausse du montant des indemnisations, à un nombre donné de sinistres. Plus précisément, par « enrichissement global », l’étude entend l’augmentation de la densité et de la valeur moyenne des logements, des entreprises, et des biens des collectivités territoriales.
En d’autres termes, plus le taux de densité sur un même endroit pour une période donnée s’accroit, plus un évènement naturel d’intensité équivalente entraînera des conséquences importantes en termes économiques, 30 ans plus tard.
À cette notion d’« enrichissement global », l’étude ajoute celle de « répartition géographique » de cet enrichissement, qui aurait un effet démultiplicateur.
Par exemple, un département actuellement 2 fois plus vulnérable qu’un autre aux inondations et dont la richesse globale va croitre deux fois plus vite que la moyenne nationale, est exposé à l’effet démultiplicateur.
Le changement climatique représenterait un coût de 24 Milliards € sur la période
Par « changement climatique », l’étude entend « la modification des fréquences d’occurrence et d’intensité des évènements naturels sur le territoire ». En tant que tel, ce facteur pèserait pour 35 % de l’augmentation des coûts.
Les évènements dits « extrêmes »
Les évènement « extrêmes » sont ceux liés à l’aléa climatique, indépendant du changement climatique, et dont l’étude intègre la probabilité de survenance. Ils représentent 7 % de l’augmentation sur la période, soit 6 Milliards €.
L’effet répartition
Enfin l’« effet répartition » est estimé à 5 % de l’augmentation soit 3 Milliards €.
L’étude présente une répartition des coûts par péril pour la période 2020-2050
Réalisée au niveau des départements, l’étude de la Fédération Française de l’Assurance creuse la question des coûts respectifs des quatre périls retenus (certains sinistres, comme les dommages liés à la grêle, à la neige ou encore les dommages corporels ne sont pas pris en compte) pour proposer des estimations particulièrement éclairantes :
Fréquence et coûts de la sécheresse
Dans les deux modèles scientifiques retenus par l’étude, les sécheresses devraient être de plus en plus fréquentes en raison du changement climatique. Les assureurs évaluent le péril sécheresse à un coût cumulé de 43 Milliards €, ce qui reviendrait à tripler la charge moyenne annuelle constatée au cours de la période de référence (1989-2019), qui était alors de 13,8 Milliards €.
5 départements concentrent à eux seuls deux tiers de la hausse de la sinistralité : la Haute-Garonne, la Gironde, les Bouches du Rhône, le Tarn et le Tarn-et-Garonne.
Péril sécheresse
La subsidence, au regard du péril sécheresse, est l’effet des dommages causés à des maisons individuelles par le retrait, puis le gonflement des sous-sols, en raison à la fois au départ, d’une insuffisance de précipitations et des températures élevées.
Les zones d’habitat considérées sont les zones RGA (retrait gonflement des argiles) sont fixées par un arrêté du 22 juillet 2020.
Fréquence et coût des inondations
Bien que limitant le champ aux inondations des cours d’eaux (excluant la mer), le coût des inondations pour les assureurs serait de plus en plus élevé, puisqu’il augmenterait de plus de 80 % par rapport à la période 1989-2019, pour représenter un cumul de 50 Mds€ en 2050. « L’enrichissement global » serait la cause principale de cette très forte augmentation, le facteur « changement climatique » pesant moins que pour le péril sécheresse.
Fréquence et coût des tempêtes
Les modèles scientifiques actuels ne présentant pas pour l’horizon 2050 des projections sur la fréquence et l’intensité des tempêtes, l’étude fixe la charge du péril tempête à 46 Mds€ cumulés, soit une augmentation de 46 %. Comme pour le risque inondation, c’est l’« enrichissement global » du pays qui serait la première cause de cette augmentation.
Si le risque tempête se caractérise par un fort déploiement sur le territoire, il présente un coût moyen moins élevé que pour les autres périls d’en moyenne 2 170 €.
Fréquence et coût des submersions marines
Les assureurs estiment l’augmentation du péril submersion marine à près de 3 Mds€ sur la période 2020-2050. À lui seul, ce péril représenterait donc 11 % du surcoût des inondations. Ce péril étant lié au changement climatique, l’étude estime à 6,5 Mds€ le coût du changement climatique sur le péril inondation.
Changement climatique : quel impact sur l’assurance à l’horizon 2050
Au total, le coût cumulé serait de 54 Mds soit une hausse de 87 % par rapport à la période 1989-2019.
En conclusion, la FFA souligne l’importance de la mobilisation de tous et à une plus forte prise de conscience des risques climatiques auxquels nous sommes exposés. Une enquête récente d’Assurance Prévention, association de la Fédération Française de l’Assurance, montre que si 79 % des Français sont conscients de l’importance des risques naturels, seulement 38 % se sont déjà préparés pour y faire face.