68,1 millions d’habitants en 2070
L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a publié, lundi 29 novembre, de nouvelles projections démographiques. Selon celles-ci, le nombre d’habitants devrait être, en France, de 68,1 millions en 2070, soit 700 000 de plus qu’en 2021. Plus précisément, il devrait continuer à augmenter jusqu’en 2044 pour atteindre 69 millions d’habitants, avant de décliner légèrement jusqu’en 2070.
Ce déclin après 2044 s’explique par le fait que le solde naturel devrait devenir négatif à partir de 2035. Cela signifie que le nombre de décès sera alors supérieur au nombre de naissances au cours d’une année. Dans un premier temps, entre 2035 et 2044, ce phénomène sera compensé par le solde migratoire, entendu comme la différence entre le nombre d’entrées et de sorties du territoire et fixé par hypothèse à 70 000 par an.
Les projections démographiques et leurs hypothèses
Comme toutes les projections démographiques, cette étude de l’INSEE comporte une forte composante aléatoire. Par exemple, en 2016, lors du dernier exercice du même type, personne ne pouvait prévoir la baisse de l’espérance de vie à la naissance en 2020, consécutive à la crise sanitaire. Cette étude de l’INSEE se base notamment sur des hypothèses portant sur le taux de fécondité et l’évolution du solde migratoire et de l’espérance de vie. Afin de rendre compte des différentes possibilités d’évolution démographique en fonction des hypothèses formulées, l’étude de l’INSEE propose plusieurs scenarios. Nous nous limitons ici à l’analyse du scenario central, pour lequel l’indicateur conjoncturel de fécondité est de 1,8 enfant par femme et le solde migratoire de 70 000 par an.
Un vieillissement inéluctable de la population française
Les projections démographiques menées par l’INSEE confirment, en outre, le vieillissement inéluctable de la population française dans les années à venir. Selon le scenario central, la part des 65 ans et plus dans la population devrait passer de 20,7 % en 2021 à 28,7 % en 2070. En conséquence, le rapport de dépendance démographique devrait, au cours de la même période, augmenter de près de 20 points de pourcentage, de 37,4 à 56,8 %. Cette évolution marquerait une accélération forte par rapport à la période entre 1970 et 2021, au cours de laquelle le ratio de dépendance démographique est passé de 23,7 % à 37,4 %.
Le rapport de dépendance démographique est un ratio entre le nombre de personnes de 65 ans ou plus, qui sont le plus souvent retraitées (et donc « dépendantes » des actifs), et le nombre de personnes de 20 à 64 ans.
Lecture : on comptait en France en 2021 environ 38 personnes de 65 ans ou plus pour 100 personnes âgées de 20 à 64 ans.
Selon ces projections démographiques, on compterait, en outre, plus de 200 000 personnes centenaires en France en 2070 : 150 600 femmes et 60 800 hommes.
Les enjeux économiques de ces évolutions démographiques
Les enjeux économiques de ces évolutions démographiques, et en particulier du vieillissement inéluctable de la population, sont multiples.
Les marchés et les activités économiques liés aux personnes âgées de 60 ans et plus pourraient, tout d’abord, continuer à se développer. Bien qu’il soit difficile de quantifier les effets concrets de cette « silver économie », il semblerait que l’économie pourrait globalement bénéficier de créations d’emplois, notamment dans des activités de services et de services à la personne, par définition difficilement délocalisables. Dans un rapport de 2015, France Stratégie et la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) estimaient que près de 350 000 emplois d’aide et de soin aux personnes fragiles pourraient être créés entre 2012 et 2022.
Le vieillissement de la population pourrait ensuite avoir un impact important sur les modalités de financement du système de retraite. Le système de retraite actuellement en vigueur en France est un système principalement par répartition. Dans un tel système, la solidarité intergénérationnelle est forte : les pensions de retraite sont financées par les cotisations versées par la population active. Une augmentation du rapport de dépendance démographique peut déséquilibrer un tel système et le rendre non soutenable budgétairement. C’est dans ce contexte qu’il faut notamment comprendre la multiplication de « réformes des retraites » que connaît la France depuis les années 1990.
Ces évolutions démographiques invitent, enfin, à réfléchir au financement de la dépendance. Une nouvelle branche de la Sécurité Sociale consacrée à l’autonomie a été créée par la loi du 7 août 2020. Devant les besoins croissants, de nouvelles sources de financement devront être pensées dans les années futures.
Selon une autre étude de l’INSEE, la perte d’autonomie pourrait concerner près de 4 millions de seniors en France en 2050.