Pourquoi les entreprises rachètent-elles leurs propres actions ?

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Depuis le début de l’année, les annonces de plans de rachats d’actions par les entreprises se multiplient à l’échelle mondiale. Aux États-Unis, ils pourraient dépasser leur précédent record de 2018. De telles opérations ne sont pas neutres pour les investisseurs. Explications.

Vers une année record pour les rachats d’actions

L’année 2021 pourrait être celle d’un nouveau record pour les rachats d’actions. Phénomène mondial, il est particulièrement marqué aux États-Unis. Selon un décompte de Bloomberg, un média spécialisé dans l’information financière, les plans de rachats d’actions par les entreprises américaines annoncés depuis le mois de janvier s’élèvent à plus de 1 000 milliards de dollars. Cette situation s’explique notamment par les profits record enregistrés par certaines entreprises, à la suite de la reprise économique mondiale. Dans ce contexte, une partie de la trésorerie accumulée par ces entreprises est redistribuée aux actionnaires, via ces rachats de titres.

Un rachat d’actions est une opération par laquelle une entreprise rachète ses propres actions sur le marché. Cette pratique est aujourd’hui tout à fait légale, mais strictement encadrée par les autorités de régulation des marchés financiers, comme la Securities and Exchange Commission (SEC) aux États-Unis ou l’Autorité des marchés financiers (AMF) en France, notamment afin d’assurer une égalité de traitement pour l’ensemble des actionnaires et d’éviter tout risque de manipulation des cours.

Le montant des rachats d’actions pourrait, ainsi, dépasser, outre-Atlantique, le précédent record de 2018, année au cours de laquelle il avait atteint près de 1 110 milliards de dollars. Cette année-là, les entreprises américaines avaient engrangé des bénéfices supplémentaires grâce à l’entrée en vigueur de la loi « Tax Cuts and Job Act » votée en 2017. Réforme majeure de la présidence Trump, elle avait réduit le taux d’imposition des sociétés de 35 à 21 %.

L’une des entreprises championnes des rachats d’actions n’est autre qu’Apple. On estime que depuis 2013, elle a racheté des actions pour un montant d’environ 460 milliards de dollars, dont 85 pour la seule année en cours. En conséquence, on compte aujourd’hui moins d’actions Apple en circulation qu’au début des années 2000.

 

Quelles sont les conséquences des rachats d’actions pour les investisseurs ?

Les rachats d’actions constituent-ils une bonne nouvelle pour les investisseurs ? La réponse à cette question n’est pas aussi évidente qu’il y paraît. En effet, une opération de rachats d’actions a, en théorie, des effets contrastés.

Une opération de rachat d’actions est, tout d’abord, un moyen pour l’entreprise de redistribuer des fonds à ses actionnaires, de manière similaire aux dividendes. En effet, le rachat d’actions réduit, par définition, le nombre d’actions en circulation, ce qui signifie que chaque actionnaire détient, après le rachat, un plus grand pourcentage de la société. Cela se traduit, toutes choses par égales, par une progression du cours de l’action – à offre d’actions inchangée sur le marché, l’opération de rachat d’actions provoque une augmentation de la demande d’actions – et une augmentation du bénéfice par action, ce qui bénéficie aux actionnaires.

Que font les entreprises des actions rachetées ?

Deux possibilités s’offrent à l’entreprise ayant racheté une partie de ses propres actions :

– les annuler, ce qui entraîne une diminution du capital social de l’entreprise ;
– les offrir ou les attribuer à ses salariés et dirigeants, par exemple dans le cadre d’un plan d’actionnariat salarié.

Toutefois, un rachat d’actions peut également indiquer que l’entreprise ne dispose ni de projets porteurs, ni de possibilités d’investissement auxquels consacrer une partie de sa trésorerie, ce qui peut s’avérer être un signal négatif sur ses opportunités de croissance future, et donc, à terme une relative mauvaise nouvelle pour les investisseurs.