La Banque de France a publié le 13 décembre 2021 une enquête * sur la culture financière du grand public. La même enquête, réalisée à partir d’un questionnaire établi par l’OCDE, a été menée dans onze autres pays : Allemagne, Autriche, Colombie, Corée du Sud, Estonie, Hongrie, Italie, Pologne, Portugal, République Tchèque et Slovénie. En s’appuyant sur les indicateurs de l’OCDE qui permettent de mesurer le niveau de connaissances financières, les attitudes et le comportement financiers du grand public, l’enquête conclut que les Français possèdent une culture financière qui est dans la moyenne des pays de l’OCDE étudiés.
Une autre étude ** a été conduite pour évaluer la culture financière des entrepreneurs (micro, petites et moyennes entreprises). Les résultats montrent que la culture financière de ces entrepreneurs est supérieure à celle du grand public.
La « compétence financière », telle que définie par l’OCDE, a trois composantes : 1/ les connaissances financières, notamment théoriques, 2/ l’attitude, qui dépend principalement de la personnalité et des préférences individuelles, et 3/ le comportement, qui se traduit par des décisions et des choix financiers. C’est à partir de cette notion de « compétence financière » que les enquêtes internationales conçues par l’OCDE déterminent des scores finaux qui sont élaborés à partir des trois sous-scores mesurant les trois composantes mentionnées plus haut.
*Enquête conduite du 18 juin au 9 juillet 2021 auprès de 2 150 Français majeurs (2000 en ligne et 150 par téléphone), à partir d’un questionnaire établi par l’OCDE
** Etude conduite en avril 2001 auprès de 1 002 entrepreneurs, exerçant dans des entreprises de moins de 50 salariés, sur la base également d’un questionnaire établi par l’OCDE.
La culture financière du grand public est évaluée à 13/21 en France : c’est la moyenne des pays de l’OCDE étudiés
Selon l’enquête, les Français obtiennent la note globale de 13 sur 21 pour le niveau de leur culture financière. C’est précisément la moyenne des douze pays de l’OCDE étudiés. En tête, on trouve la Slovénie avec une note de 14,7 sur 21, l’Italie fermant la marche avec une note de 11,1 sur 21. Si l’on rentre dans le détail des sous-scores, on observe que, pour la connaissance financière, les Français obtiennent la note de 4,6 sur 7, pour l’attitude financière vis à vis de l’argent, ils obtiennent la note de 3 sur 5, et enfin pour les comportements financiers, ils obtiennent la note de 5,4 sur 9.
Selon la Banque de France, ces notes indiquent que les Français sont « plutôt appliqués et ont un comportement qui semble réfléchi », règlent leurs factures à temps (83 %) et surveillent de près leur situation financière (71 %). En revanche, les Français construiraient peu de stratégies financières de long terme et leurs connaissance théoriques enregistrent des lacunes : près de 70 % jugent leurs connaissances moyennes ou faibles sur les questions financières (ce score est toutefois en amélioration par rapport à la précédente enquête de 2018 (77 %) : ainsi, l’impact de l’inflation sur l’épargne est mal évalué : quand on leur demande avec 1000 euros ce qu’ils pourront acheter dans un an avec un taux d’inflation de 2 %, 27 % répondent qu’ils seront en mesure d’acheter au moins autant, et 17 % ne savent pas.
Par catégories de Français, l’enquête montre aussi que les femmes ont une moins bonne culture financière que les hommes. Elles sont en tout cas plus modestes :15 % d’entre elles estiment avoir une connaissance élevée sur les questions financières contre 28 % pour les hommes. 27 % connaissent le taux du Livret A contre 35 % chez les hommes. Quant aux jeunes (18-34 ans), 35 % d’entre eux estiment avoir une connaissance des questions financières élevée, même si les plus jeunes (18 – 24 ans) sont également ceux qui donnent le plus de mauvaises réponses. Les 18-34 sont ceux qui globalement s’intéressent le plus à l’actualité financière et aux sujets financiers (49 % des 18-24 ans, 45 % des 25-34 ans, contre 42 % de la population générale). Seuls les seniors de plus de 65 ans font aussi bien sur ce point (49 %), note la Banque de France.
Les entrepreneurs de moins de 50 salariés font de meilleurs scores que le grand public
Avec une note globale de 12 sur 17 (soit quasiment 15 sur 21), les dirigeants des petites entreprises ont une culture financière supérieure à la moyenne du grand public.
Ils disposent de connaissances financières jugées « correctes » par la Banque de France, avec un score de 3,7 sur 5, soit un score supérieur à leur propre auto-évaluation. Ils sont à l’aise avec les concepts d’inflation, de rapport rendement/risque, de dividendes, etc…Mais de nombreuses lacunes demeurent, comme la compréhension des fonds propres, l’investissement en capital… Bien que sollicitant régulièrement leur banque, ils ont des attitudes financières « moyennement avisées » : ils sont avant tout « instinctifs » et peu nombreux à élaborer des plans financiers détaillés ou à se fixer des objectifs de long terme. En revanche, avec un score de 6,4 sur 9, ces entrepreneurs adoptent des comportements « sains et réfléchis » : 95 % distinguent bien compte personnel et professionnel, 73 % anticipent le financement de leur retraite, par exemple.
La Banque de France note des marges de progression
Au total, selon la Banque de France, il existe des pistes d’amélioration.
En direction du grand public, la Banque de France note que 41 % des Français ne disposent pas d’informations suffisamment « fiables et neutres » pour gérer efficacement leurs budgets, et que 80 % appellent à une éducation financière à l’école.
En direction des entrepreneurs ciblés par la seconde étude, elle constate une corrélation entre la taille de l’entreprise et le niveau de culture financière des entrepreneurs. Pour la Banque de France, ce constat justifie l’action prioritaire sur le « cinquième pilier » de la stratégie nationale d’éducation économique, budgétaire et financière dont elle est depuis 2016, l’opérateur national.