La DRESS (Ministère des solidarités et de la santé) vient de publier sa cinquième vague d’enquête sur « les motivations de départ à la retraite », basé sur un échantillon de 5 500 personnes parmi les 619 000 personnes ayant pris leur retraite entre le 1er juillet 2019 et le 30 juin 2020.
Cette enquête vise notamment à récolter des informations éclairant la prise de décision sur le départ à la retraite, à évaluer les connaissances des personnes interrogées sur certains dispositifs du système de retraite et à mesurer la satisfaction concernant la vie à la retraite, par rapport à celle menée avant.
L’âge idéal de départ à la retraite s’accroit de 5 mois par rapport à 2017, et s’établit à 61 ans
61 ans est l’âge idéal auquel les personnes interrogées auraient souhaité partir à la retraite. Soit cinq mois plus tard que les participants aux enquêtes de 2014 et 2017. L’écart entre l’âge effectif à la liquidation et l’âge idéal de départ est resté stable, passant de 1 an et 7 mois en 2017 à 1 an et 5 mois en 2021. 73 % déclarent avoir pris leur retraite dès que cela a été possible, une proportion restée stable par rapport aux dernières enquêtes. Pour les retraités qui n’occupaient pas un emploi au moment de leur départ, elle atteint 87 %, soit 3 points de plus qu’en 2017. Enfin, en 2021, 65 % des nouveaux retraités disent être partis à l’âge souhaité : c’est 4 points de plus qu’en 2017 et 6 points de plus qu’en 2014.
Principale motivation de départ : profiter de sa retraite le plus longtemps possible
81 % considèrent que cela a joué dans leur décision de partir. Cette part augmente depuis sept ans : de 8 points entre 2014 et 2017, et de 4 points entre 2017 et 2021.
Mais il existe d’autres motivations de départ
Celles-ci ont d’abord trait à la pension : la seconde motivation est l’atteinte de l’âge légal minimal de départ pour 72 % des personnes interrogées, la troisième est le bénéfice du taux plein pour 61 % des personnes interrogées et la quatrième est le fait d’avoir atteint un « niveau de pension suffisant » pour 48 % des personnes interrogées, notamment parmi les assurés du régime général.
L’étude présente également des motivations de départ liés plus particulièrement au travail : « ne plus vouloir travailler est le facteur le plus souvent cité (51 %), devant les problèmes de santé rendant le travail difficile (35 %) et les mauvaises conditions de travail (33 %) », note l’étude. Le fait d’avoir été licencié ou mis à la retraite d’office est plus rarement mentionné (14 %).
Il est intéressant de noter en revanche que moins d’un nouveau retraité sur quatre souhaite prendre sa retraite pour suivre son conjoint qui serait déjà retraité.
Prolongation de l’activité : motivée par des raisons financières et l’intérêt pour le travail
Pour les personnes exerçant un emploi au moment de leur droit à retraite (68 % des personnes interrogées), une sur trois déclare ne pas être parti dès que cela a été possible mais plus tard.
La première motivation est financière : 55 % ont voulu augmenter leur retraite future en augmentant leurs droits (pour 36 %, ce motif a « beaucoup joué ») et 55 % également ont souhaité conserver encore quelques années leurs salaires et leurs rémunérations.
La seconde motivation est directement liée au travail exercé : ainsi 67 % des personnes interrogées mettent en avant l’intérêt porté à leur emploi ou des conditions de travail satisfaisantes.
Enfin, la troisième est d’ordre plus personnel, mais elle a peu joué dans la prolongation : Seuls 21% ont prolongé car ils ne se sentaient pas prêts à devenir retraité, 5 % car ils souhaitaient attendre de ne plus avoir de personne en charge et également 5 %, car ils souhaitaient attendre le départ à la retraite de leur conjoint.
Les départs à la retraite des personnes sans emploi sont principalement liés à un licenciement ou un problème de santé
Si les motivations de ces personnes pour un départ à la retraite sont identiques à celles ayant exercé un emploi au moment du départ, l’ordre de ces motivations diffère cependant : on trouve d’abord l’atteinte de l’âge légal (74 % des personnes), puis le souhait de profiter de sa retraite le plus longtemps possible (71 %), et enfin, l’atteinte d’une retraite à taux plein (57 %).
Les problèmes de santé sont plus particulièrement entrés en ligne de compte puisqu’ils ont joué pour 57 % des personnes sans emploi lors de leur départ en retraite.
Les licenciements ont aussi joué un rôle, puisque 38 % des personnes cotisant au régime général ont déclaré qu’avoir été licenciées a joué un rôle dans leur cessation d’activité.
Le bénéfice éventuel de la surcote ne semble pas retarder les départs en retraite
L’attitude des nouveaux retraités par rapport à la décote et à la surcote évolue peu par rapport à 2017.
En ce qui concerne la décote, 12 % déclarent qu’ils ne savaient pas qu’ils auraient une décote et 60 % ont estimé que la perte de pension liée à la décote n’était pas trop importante. La connaissance de ce dispositif serait donc en hausse.
En ce qui concerne la surcote, 46 % ont déclaré vouloir augmenter leur pension grâce à la surcote, et 12 % n’étaient pas au courant de la surcote.
En revanche, 48 % des nouveaux retraités bénéficiant du taux plein, et qui auraient pu bénéficier d’une surcote en prolongeant leur activité, ne souhaitaient pas retarder leur départ, l’augmentation liée à la surcote était insuffisante pour 17 % d’entre eux.
Les dispositifs de retraite restent méconnus
L’enquête confirme l’insuffisante information des futurs et nouveaux retraités sur plusieurs dispositifs de retraite, notamment les dispositifs de transition entre emploi et retraite.
Première incertitude : le niveau de la pension. Si les Français disent avoir commencé à réfléchir sérieusement à leur départ à la retraite à 58 ans et 5 mois en moyenne, soit environ quatre ans avant leur départ effectif, seulement 26 % avaient une idée précise du montant de la pension qu’ils toucheraient une fois à la retraite ; 41 % avaient une idée approximative, et 33 %, aucune idée. Toutefois, un peu plus de deux personnes sur trois feraient le choix de partir au même âge, conservant ainsi le même niveau de pension, et 27 % préféreraient finalement partir plus tard et percevoir une pension plus élevée.
Deuxième inconnue : le dispositif de la retraite progressive. 32 % seulement déclarent connaitre l’existence de la retraite progressive et 42 % déclarent n’en avoir jamais entendu parler. Les dispositifs de retraite pour inaptitude au travail ou pour incapacité permanente sont également méconnus. Seulement 29 % déclarent savoir à quoi correspond la retraite pour inaptitude au travail, et 47 % n’en ont jamais entendu parler.
C’est pourquoi, en conclusion, l’enquête de la DRESS propose une enquête complémentaire sur la planification du départ à la retraite et de l’anticipation du montant des pensions.