Comment évaluer l’impact du pass sanitaire ?
Parue le 17 janvier, une étude du Conseil d’analyse économique (CAE) cherche à évaluer l’impact sanitaire et économique de la mise en place d’un pass sanitaire en France, en Allemagne et en Italie au cours de l’été 2021. Ces trois pays ont, en effet, adopté, de manière concomitante, cette mesure conditionnant l’accès du public à certains établissements, comme les bars, restaurants ou lieux de spectacle, à la présentation d’une attestation de vaccination ou d’un test négatif récent.
Créé en 1997, le Conseil d’analyse économique (CAE) est une instance composée d’économistes chargée « d’éclairer, par la confrontation des points de vue et des analyses, les choix du gouvernement en matière économique ».
Pour étudier l’impact d’une telle mesure, les auteurs de cette étude ont, tout d’abord, construit un scénario contrefactuel en simulant quel aurait été le taux de vaccination atteint fin 2021 sans l’adoption du pass sanitaire. Pour cela, ils ont, notamment, utilisé la dynamique à l’œuvre dans les pays européens n’ayant pas mis en place une telle mesure.
L’impact de l’adoption d’un pass sanitaire sur le taux de vaccination est important dans les trois pays. En France, le pays où la mesure a eu l’effet le plus élevé, le taux de vaccination aurait été, selon cette étude, de 65,2 % fin 2021, contre un taux réellement observé de 78,2 %, soit une différence de près de 13 points de pourcentage. En Italie, l’adoption d’un pass sanitaire a permis d’atteindre un taux de vaccination de 80,1 % (contre 70,4 % dans le scénario contrefactuel simulé). En Allemagne, enfin, le taux de vaccination aurait été de 67,3 % contre 73,5 % observé. Cette plus faible différence en Allemagne s’explique notamment par le fait que le pass sanitaire recouvrait un périmètre moins large.
4 000 vies épargnées et 6 milliards d’euros de pertes évitées
Selon l’étude du CAE, cette accélération de la vaccination, provoquée par l’adoption d’un pass sanitaire a, tout d’abord, permis de réduire le nombre d’admissions à l’hôpital d’environ 32 000 et d’épargner près de 4 000 vies en France au cours du second semestre de l’année 2021. Sous l’effet de cette seule mesure, la mortalité a ainsi reculé de près de 32 %. L’impact de l’adoption du pass sanitaire sur la mortalité en Italie et en Allemagne est également non négligeable : l’étude estime respectivement à 1 331 et 1 133 le nombre de morts évités grâce à cette mesure.
Sur le plan économique, l’impact estimé de l’adoption du pass sanitaire est également important. Selon l’étude du CAE, une telle mesure a, en effet, permis d’éviter une perte de produit intérieur brut (PIB) d’environ 6 milliards d’euros au cours du second semestre de l’année 2021. Autrement dit, si la France n’avait pas adopté de pass sanitaire en juillet 2021, le PIB aurait été inférieur de 0,6 %. Cela s’explique principalement par deux facteurs. D’une part, les personnes vaccinées ont, dans une certaine mesure, pu avoir davantage d’interactions économiques et sociales. D’autre part, l’augmentation du taux de vaccination a permis d’éviter la mise en place d’autres restrictions, nuisibles à l’activité économique. Concernant l’Allemagne et l’Italie, l’étude du CAE estime que l’adoption du pass sanitaire a permis d’éviter des pertes de PIB, respectivement de 1,4 et 2,1 milliards d’euros.
Selon des estimations encore provisoires, le taux de croissance devrait atteindre 6,7 % en France en 2021.