Recul du chômage au quatrième trimestre 2021
Selon les données présentées par l’Institut national des statistiques et des études économiques (INSEE), le taux de chômage était, au quatrième trimestre 2021, de 7,4 % de la population active. Il baisse ainsi de 0,6 point de pourcentage par rapport au troisième trimestre.
Il s’agit du plus faible niveau – si l’on excepte le deuxième trimestre 2020 – observé depuis le troisième trimestre 2008, soit avant que la crise des subprimes ne produise ses effets négatifs sur l’emploi.
Cette baisse significative du taux de chômage au quatrième trimestre s’explique, en grande partie, par l’amélioration des conditions d’emploi des plus jeunes. Le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) était, en effet, de 15,9 % au quatrième trimestre 2021, contre 19,5 % au trimestre précédent. Il s’agit du taux le plus faible depuis le début des années 1980 ! Le chômage des 25-49 ans baisse également, passant de 7,1 à 6,8 %, tandis que celui des plus de 50 ans reste stable à 5,8 %.
Afin de déterminer le niveau du chômage en France, l’INSEE utilise la définition établie par le Bureau International du Travail (BIT). Plutôt restrictive, elle permet notamment d’établir des comparaisons spatio-temporelles.
Cette baisse du chômage s’accompagne, toutefois, dans le même temps, d’une légère progression du nombre de personnes formant le halo autour du chômage. Selon la définition de l’INSEE, celui-ci comprend « toute personne sans emploi qui, soit a recherché un emploi, mais n’est pas disponible pour travailler, soit n’a pas recherché d’emploi, mais souhaite travailler et est disponible pour travailler, soit souhaite travailler, mais n’a pas recherché un emploi et n’est pas disponible pour travailler ». Au quatrième trimestre 2021, le halo autour du chômage était constitué de près de 1,9 million de personnes.
Comment peut-on expliquer cette baisse du chômage ?
Le gouvernement s’est félicité, par l’intermédiaire d’Elisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, des bons chiffres du chômage pour le dernier trimestre 2021. Faut-il pour autant en attribuer les mérites à la politique économique actuellement menée ? La question divise les économistes.
La baisse du chômage est, tout d’abord, liée à la forte reprise économique qu’a connue la France en 2021. Ce rebond de l’activité économique, couplé à la pénurie de main-d’œuvre observée dans certains secteurs, comme le commerce et la restauration, a contribué à la bonne tenue de l’emploi en France. Les origines de la forte baisse du chômage fin 2021 demeurent, toutefois, pour le moment, largement inexpliquées.
Certains économistes avancent, par exemple, l’idée selon laquelle certaines entreprises conserveraient délibérément des employés, quitte à se retrouver temporairement en sureffectif, de peur de rencontrer des difficultés à embaucher à nouveau ultérieurement. Cette hypothèse est cohérente avec la baisse du nombre moyen d’heures travaillées par semaine et par emploi constatée par les statisticiens de l’INSEE. Le nombre moyen d’heures travaillées par emploi était, au quatrième trimestre 2021, de 30,3 heures par semaine, en diminution de 1,3 % par rapport au troisième trimestre 2021 et de 3,5 % par rapport à son niveau d’avant-crise (31,4 heures fin 2019).
Pour le gouvernement, en revanche, la baisse du chômage tient à l’efficacité de la politique économique mise en œuvre depuis deux ans. Élément majeur de la stratégie du « quoi qu’il en coûte », la politique active de soutien à l’emploi avec notamment l’extension du dispositif de chômage partiel a, tout d’abord, certainement permis de conserver de nombreux emplois et d’éviter une forte augmentation du chômage à la suite du déclenchement de la crise économique en mars 2020. Ce phénomène est à mettre au crédit de la politique économique menée par le gouvernement, mais explique essentiellement que le chômage ne se soit pas envolé en 2020 et début 2021. Il reste peu informatif sur la baisse du chômage observée lors du quatrième trimestre 2021.
Faible efficacité de la politique d’aides à l’embauche des jeunes selon la Cour des comptes
Dans son rapport annuel publié mercredi 16 février, la Cour des comptes se montre particulièrement sévère à l’égard des dispositifs d’aides à l’embauche des jeunes mis en œuvre par le gouvernement au cours de l’été 2020, comme l’aide à l’apprentissage.
Pour les sages, cette mesure, relativement coûteuse, a eu un effet net sur l’emploi en volume « vraisemblablement faible ». En effet, l’aide à l’apprentissage aurait surtout bénéficié à des diplômés de filières porteuses d’emplois et qui n’auraient donc pas eu de difficultés à trouver un débouché en l’absence d’aide.