Une croissance moins forte attendue
Les conséquences attendues sur le plan économique de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février dernier sont nombreuses : hausse des prix de l’énergie et de certaines matières premières, ralentissement de la croissance économique, etc.
Les dernières projections macroéconomiques de la Banque de France, publiées le 13 mars, donnent un aperçu plus précis de l’impact sur la croissance économique française de la guerre en Ukraine. La guerre en Ukraine pourrait coûter entre 0,2 et 0,8 point de pourcentage de croissance en France en 2022. En effet, alors que la Banque de France estimait en décembre 2021 (soit avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie), la croissance française en 2022 à 3,6 %, elle pourrait être « seulement » de 2,8 ou de 3,4 %, selon le scénario retenu.
La Banque de France écarte, pour le moment, tout risque de récession pour l’économie française. Les prévisions de la Banque centrale font, en effet, état d’une croissance moins forte qu’attendue, à ne pas confondre avec un recul du produit intérieur brut (PIB).
La guerre en Ukraine aura également un effet à plus long terme sur l’activité économique en France. Toujours selon les projections de la Banque de France, la croissance française en 2023 serait comprise entre 1,3 % et 2 %. La guerre en Ukraine causerait ainsi une perte de croissance comprise entre 0,2 et 0,9 point de pourcentage en 2023, par rapport aux prévisions de décembre 2021. Pour 2024, l’impact serait plus faible, mais pourrait aller jusqu’à 0,3 point de pourcentage.
Ces projections de la Banque de France sont effectuées à partir de l’ensemble des informations disponibles fin février / début mars. Elles n’incluent pas, en particulier, un possible embargo européen sur le gaz russe, dont les conséquences économiques seraient importantes.
Inflation, incertitude sur les marchés financiers et recul du commerce extérieur
Les économistes de la Banque de France identifient trois canaux de transmission principaux des effets de la guerre en Ukraine à l’économie française.
Le premier est l’inflation. Le conflit entre les deux pays ainsi que les sanctions économiques imposées à la Russie sont à l’origine de l’augmentation des prix mondiaux de l’énergie et de certaines matières premières. Selon les projections de la Banque de France, l’indice des prix à la consommation harmonisé, servant à mesurer l’inflation, pourrait atteindre entre 3,7 et 4,4 % en 2022, contre une prévision de 2,5 % fin 2021. En augmentant les coûts de production des entreprises et en pesant sur le pouvoir d’achat des ménages, cette inflation pèsera sur le niveau d’activité économique.
Le deuxième canal de transmission est lié aux tensions sur les marchés financiers et à l’incertitude générée par la guerre en Ukraine. Celles-ci ont des conséquences négatives notamment pour l’investissement des entreprises et la consommation des ménages.
Enfin, la Banque de France anticipe un recul de la demande internationale et, au moins par ricochet, de celle adressée à la France. L’Ukraine et la Russie ne constituent pas des partenaires commerciaux majeurs de la France. En revanche, le conflit entre les deux pays devrait impacter l’activité économique dans les autres pays européens, dont l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie, qui, en retour, devraient importer moins de biens et services de la France.
