Les propositions des candidats à l’élection présidentielle portant sur l’âge légal de départ à la retraite sont très diverses. En complément, quelques candidats proposent d’allonger ou de réduire la durée d’assurance retraite, correspondant au nombre de trimestres nécessaires pour percevoir une retraite à taux plein.
Actuellement, l’âge légal de départ à la retraite est fixé à 62 ans. Et pour obtenir le taux maximum de 50 % du salaire de base reconstitué (le taux plein), il est nécessaire d’avoir cotisé 167 trimestres soit 41 ans et 9 mois (pour la génération née en 1960, ayant 62 ans cette année) jusqu’à 172 trimestres soit 43 ans (pour ceux nés à partir de 1973). 67 ans est l’âge d’obtention du taux plein, quel que soit le nombre de trimestres acquis.
Pour un relèvement à 64 ou 65 ans de l’âge de départ à la retraite
Emmanuel MACRON se prononce en faveur d’un report de l’âge de départ à la retraite à 65 ans, à l’horizon 2032. Avec un allongement progressif sur 9 ans, au rythme de 4 mois supplémentaires par an. Cette modification de l’âge de départ ne figurait pas dans son projet de réforme des retraites de 2019. L’âge de départ serait maintenu à 62 ans pour les travailleurs « victimes de l’usure professionnelle », et abaissé à 55 ans pour les travailleurs handicapés.
Parmi les autres propositions, E. Macron envisage d’augmenter la pension minimale à taux plein à 1 100 € / mois, de supprimer les régimes spéciaux (RATP, EDF…) pour les nouveaux entrants à partir de 2023 et de proposer un cumul emploi-retraite plus simple et plus avantageux.
Valérie PECRESSE envisage un relèvement à 65 ans de l’âge de départ à la retraite, d’ici 2030. Soit un allongement au rythme de 5 mois par an. Des exceptions seraient maintenues pour la pénibilité et les carrières longues.
La candidate des Républicains propose la garantie d’une pension de retraite minimale équivalente au Smic net (environ 1 269 €/mois actuellement) pour les carrières complètes d’ici la fin de sa réforme. Elle annonce vouloir libérer totalement le cumul emploi-retraite, sans plafond ni délai, et porter les pensions de réversion des veuves et veufs qui n’ont pas eu de carrière complète de 54 % à 75 %.
Éric ZEMMOUR veut porter l’âge de départ à la retraite à 64 ans d’ici 2030, par un rehaussement de 3 mois / an, avec le maintien de départs anticipés pour les personnes ayant commencé « à travailler tôt ou qui ont des métiers pénibles ». La durée de cotisation serait aussi augmentée d’une année d’ici 5 ans.
Les petites retraites inférieures à 1 300 € mensuels seraient revalorisées jusqu’à 600 € par an ; la pension de réversion serait augmentée de 54 à 75 % de celle du conjoint décédé. Et il rétablirait la demi-part fiscale supplémentaire pour les veufs et veuves pour l’impôt sur le revenu. E. Zemmour propose aussi de rendre le cumul-emploi retraite plus attractif en supprimant les cotisations retraite pour les assurés ayant déjà validé tous leurs trimestres de cotisation.
Pour un maintien à 62 ans de l’âge de départ à la retraite
Anne HIDALGO envisage de plafonner l’âge légal de départ à la retraite aux 62 ans actuels. Elle rétablirait les 4 critères de pénibilité, sur les 10 initiaux, supprimés en 2018, pour permettre les départs anticipés à partir de 60 ans.
La candidate du parti socialiste propose la revalorisation du minimum vieillesse à 1 000 € et du minimum contributif à 1 200 €.
Yannick JADOT annonce un maintien de l’âge légal actuel, à 62 ans. Il souhaite mieux prendre en compte la pénibilité, qui modifie l’espérance de vie entre cadres et ouvriers. Le Compte personnel de prévention de la pénibilité doit être au centre d’une réforme des retraites. Ce qui permettrait de partir encore plus tôt qu’actuellement.
Nicolas DUPONT-AIGNAN souhaite aussi un maintien de l’âge de départ à la retraite à 62 ans. Et la durée de cotisation serait conservée au niveau actuel. Il envisage cependant un assouplissement pour les carrières longues et les métiers pénibles. Il propose aussi de réindexer les pensions de retraite sur l’inflation.
Jean LASSALLE veut préserver la retraite par répartition, avec un maintien de l’âge de départ à la retraite à 62 ans. Il souhaite favoriser l’acquisition de droits à la retraite le plus tôt possible, avec par exemple une première annuité de retraite acquise dans le cadre d’un nouveau Service national universel, militaire ou civil, ou pour les étudiants en alternance.
Marine LE PEN propose une modulation de l’âge légal de départ à la retraite selon l’âge d’entrée dans la vie active : à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans et qui ont cotisé 160 trimestres (40 annuités) ; à 62 ans pour ceux qui ont commencé à travailler au-delà de 25 ans, avec une durée de cotisation de 172 trimestres cotisés (43 annuités). Elle annonce que sa réforme « vise à inciter fortement les jeunes à entrer plus tôt dans la vie active et de les récompenser pour cela. »
La candidate du Rassemblement national propose une revalorisation du minimum vieillesse à 1 000 €. Elle souhaite également réindexer les retraites sur l’inflation et restaurer la demi-part fiscale en faveur des veuves et veufs.
Pour un abaissement à 60 ans de l’âge de départ à la retraite
Jean-Luc MELENCHON veut abaisser l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans, et réduire la durée de cotisation à l’Assurance retraite à 160 trimestres (soit 40 annuités).
Le candidat de La France insoumise se prononce aussi en faveur d’une revalorisation de la pension de retraite au niveau du Smic revalorisé à 1 400 € pour les carrières complètes ; et à une revalorisation du minimum vieillesse au seuil de pauvreté (soit 1 047 €/mois en 2022).
Fabien ROUSSEL souhaite un abaissement à 60 ans de l’âge légal de départ à la retraite, avec une possibilité de départ anticipé pour les « métiers pénibles ». Il voudrait réduire la durée de cotisation à 160 trimestres (40 annuités) et calculer le salaire de référence sur les 10 meilleures années.
Autres propositions du candidat du parti communiste français : porter la pension minimale à 1 200 €/mois, assurer que la pension de retraite « atteindra 75% du revenu net d’activité, dans le secteur public comme dans le secteur privé » et rétablir la demi-part des veufs et veuves.
Nathalie ARTHAUD préconise un âge légal de départ à 60 ans, avec 37,5 annuités de cotisation. Elle revendique une revalorisation de la pension de retraite à 2 000 € nets minimum.
Philippe POUTOU annonce aussi un âge légal de départ à 60 ans (55 ans pour les travaux pénibles), avec 37 annuités de cotisation.
Le minimum vieillesse a été remplacé par l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA). Cette allocation sociale assure un minimum de revenus aux personnes âgées disposant de faibles ressources. Son montant maximum est de 916,78 € pour une personne seule, sans ressources, en 2022.
Le minimum contributif correspond au montant minimum de la pension de retraite du régime général, pour une retraite à taux plein. Ce versement intervient en complément des pensions de retraite de base et/ou complémentaires. Son montant est de 652,60 €/mois (pour moins de 120 trimestres cotisés) et de 713,11 €/mois (pour 120 trimestres ou plus cotisé au régime général).
Pourquoi proposer d’augmenter ou de baisser l’âge de la retraite
Quelles raisons peuvent justifier un report de l’âge légal de départ à la retraite et un allongement de la durée de cotisation ou, au contraire, un abaissement de cet âge et une réduction de la durée d’assurance ?
Le déficit des régimes de retraite a été chiffré à 18 milliards d’euros en 2020, soit 0,8% du produit intérieur brut (PIB), selon le Conseil d’orientation des retraites (COR). Ses prévisions de novembre 2020 évoquaient un déficit de 23,5 milliards d’euros. Ce déficit devrait se réduire en 2021 et passer sous les 10 milliards d’euros. À législation constante, les dépenses de retraite devraient décroître entre 2020 et 2070, passant de 14,7 % du PIB en 2020 à 13,7 % en 2030 puis à un pourcentage se situant entre 11,30 % et 13 %, selon les scénarios, en 2070.
Le ratio des cotisants par rapport aux retraités, de 1,7 en 2020, diminuerait à 1,3 en 2070 selon les projections du COR, en raison du vieillissement de la population française. Mais la baisse du rapport entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités serait atténuée par la hausse de l’âge moyen de départ à la retraite.
Depuis plusieurs années, l’âge moyen de départ à la retraite augmente. Il était de 60,7 ans en 2000, de 60,5 ans en 2010, et s’établit à 62,4 ans en 2020. Selon les projections du COR, à législation constante, l’âge conjoncturel de départ à la retraite passerait à 63,7 ans en 2035, à 63,9 ans en 2070.
Et la durée de vie à la retraite s’allonge : elle est passée de 2 ans dans les années 1950 à 15 ans dans les années 1990 et 23 ans actuellement. Elle pourrait s’établir à plus de 30 ans pour la génération 2000. Mais elle reste très inégalement répartie selon le sexe, le niveau de vie et la catégorie socio-professionnelle. Une étude de l’Institut national des statistiques et des études économiques (INSEE) parue en 2018 montre ainsi que la différence d’espérance de vie à la naissance entre les plus aisés et les plus modestes atteint 8,3 années pour les femmes et 12,7 années pour les hommes.
Dans une enquête, certes un peu ancienne, Espérance de vie, durée passée à la retraite | Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (solidarites-sante.gouv.fr), la DREES souligne qu’il y avait il y a une différence de trois ans environ entre l’espérance de vie en retraite des cadres et des ouvriers.