Élections présidentielles : les propositions des candidats sur la gestion de la dette publique

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Après avoir fortement augmenté en raison de la crise du Covid-19, la dette publique atteint actuellement plus de 2 800 milliards d’euros et représente près de 116 % du produit intérieur brut (PIB). Les propositions des candidats à l’élection présidentielle en matière de gestion de la dette publique varient largement : réduction et/ou remboursement de la dette pour les uns, annulation partielle de la dette et transformation du mode de financement de l’État pour les autres.

La dette publique, de quoi parle-t-on ?

La dette publique est constituée par l’ensemble des engagements financiers des administrations publiques pris sous forme d’emprunts. La définition la plus couramment utilisée actuellement en France est celle énoncée dans le Traité de Maastricht. On parle donc de « la dette des administrations publiques au sens de Maastricht ».

La dette publique de la France s’élève à 2 834,3 milliards d’euros, ce qui représente 116,3 % du produit intérieur brut (PIB). Alors que l’endettement public était relativement stable en France entre 2016 et 2019 – autour de 98-100 % du PIB –, il a sensiblement augmenté pendant la période de crise liée à la pandémie de Covid-19. Cette dernière a, d’une part, généré un accroissement de dépenses de la part de l’État et a, d’autre part, pesé sur ses recettes, dont la plupart sont proportionnelles à l’activité économique. On parle parfois de « dette Covid » pour désigner l’augmentation de l’endettement public résultant de la pandémie.

Évolution de la dette publique en France

Existe-t-il un niveau optimal de dette publique ?

Cette question a donné lieu à de nombreux débats parmi les économistes, notamment dans le cadre de la controverse née des travaux de Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff. Selon ces deux universitaires, il existerait un seuil – situé autour de 90 % du PIB – à partir duquel la dette publique serait néfaste pour la croissance économique. Des études ultérieures ont toutefois contredit ce résultat et ont confirmé qu’il était particulièrement difficile d’établir un niveau optimal de dette publique.

Les propositions des candidats à l’élection présidentielle

Tous les candidats ne se sont pas exprimés sur la question spécifique de la gestion de la dette publique.
Nous avons regroupé ci-dessous les propositions connues.

Les candidats en faveur d’une réduction ou du remboursement de la dette publique

Valérie Pécresse, la candidate des Républicains, entend, tout d’abord, réduire drastiquement le niveau de la dette publique. Pour cela, elle propose des réformes portant sur les retraites, le chômage ou encore les subventions publiques. Selon ses calculs, ces réformes permettront d’économiser 45 milliards d’euros par an, ce qui ramènerait la dette publique à hauteur de 100 % du PIB d’ici la fin du prochain quinquennat.

Sans fournir de données chiffrées, Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national, insiste, quant à elle, sur deux aspects. Le remboursement de la dette publique relèverait, d’une part, d’une nécessité « morale ». Marine Le Pen souhaite, d’autre part, que la dette publique soit davantage détenue par des investisseurs français.

 

Emmanuel Macron, candidat de la République en marche, entend, quant à lui, commencer à réduire la dette publique à partir de 2026 et à repasser le déficit public sous la barre des 3 % l’année suivante, en 2027.

Enfin, Jean Lassalle a proposé de « réaliser un audit citoyen de la dette ».

Les candidats en faveur d’un autre mode de gestion de la dette publique

Trois candidats, situés à gauche de l’échiquier politique, se sont, quant à eux, exprimés en faveur d’un autre mode de gestion de la dette publique. Anne Hidalgo, candidate du Parti socialiste, a annoncé qu’elle souhaitait mettre fin au Pacte de stabilité et de croissance. Ce dernier contraint les pays membres de la zone euro à avoir un déficit public inférieur à 3 % du PIB.

La dette publique comme bien public

Dans les débats, la dette publique est le plus souvent analysée sous l’angle des « coûts » qu’elle engendre. Or, comme le montrent les travaux de certains économistes, la dette publique peut également être considérée comme un bien public, dans la mesure où elle fournit des supports d’épargne sûrs, dont les agents économiques – ménages et entreprises – bénéficient.

Pour Jean-Luc Mélenchon, candidat de l’Union Populaire, il est souhaitable que l’État français se finance non plus sur les marchés financiers, comme c’est le cas actuellement, mais auprès d’un circuit du Trésor. Il reprend ainsi certaines propositions formulées par les « économistes atterrés » en matière de gestion de la dette publique. Par ailleurs, Jean-Luc Mélenchon est favorable au retrait de la dette Covid des comptes de la Sécurité sociale. Enfin, Fabien Roussel, candidat du Parti communiste français, a également déclaré, qu’il refuserait « de faire payer aux peuples » les dettes liées à la pandémie de Covid-19.