Le contexte économique au Liban
Le Liban connaît, depuis la fin de la décennie 2010, une profonde crise économique. Celle-ci se caractérise notamment par un recul de l’activité économique, une forte inflation et une dégradation rapide des comptes publics. En 2020, la pandémie de Covid-19 et les explosions dans le port de Beyrouth ont encore aggravé la situation, si bien que, selon la Banque mondiale, la crise économique que traverse actuellement le Liban peut être considérée comme la troisième plus grave à l’échelle mondiale depuis le milieu du XIXe siècle.
Alors même que l’économie mondiale a connu une forte reprise économique en 2021, le Liban s’est enlisé dans la crise, comme le montrent les estimations des principaux indicateurs macroéconomiques par la Banque mondiale. Après avoir chuté de près de 21,41 % en 2020, le produit intérieur brut (PIB.) réel libanais recule, en 2021, de 10,5 %. La dette publique a, par ailleurs, progressé de 18,4 points de pourcentage, passant de 179,1 % à 197,5 % du PIB. Cause majeure de la baisse drastique du pouvoir d’achat des ménages libanais, l’inflation, mesurée par l’indice des prix à la consommation atteint 130 % ! Enfin, la balance courante est largement déficitaire et représente près de 10 % du PIB.
Un prêt de 3 milliards de dollars du FMI
Dans ce contexte économique particulièrement difficile, le Liban a conclu, jeudi 7 avril, un accord avec le Fonds Monétaire International (FMI). Celui-ci prévoit un prêt de 3 milliards de dollars dans le cadre du « mécanisme élargi de crédit ».
Le mécanisme élargi de crédit est une procédure par laquelle un pays en proie à de graves déséquilibres de paiements reçoit un prêt du FMI à des conditions financières avantageuses, en contrepartie d’un accompagnement par l’institution internationale et de la mise en œuvre de réformes structurelles.
Avec cet accord, le Liban passe ainsi sous les fourches caudines du FMI. Dans le cadre de ce prêt, il s’est en effet engagé à entreprendre des réformes structurelles. Le Liban devra ainsi restructurer son secteur bancaire, mener une réforme fiscale de grande ampleur, pratiquer une politique de rigueur budgétaire, nationaliser certaines entreprises d’État, mettre en œuvre un système de changes flottants, etc.
Des politiques d’ajustement structurel fortement critiquées
L’aide du FMI apparaît comme la dernière possibilité offerte aux pays en proie à une grave crise économique. Les réformes exigées par le FMI en contrepartie de son aide financière peuvent, en effet, avoir des conséquences sociales particulièrement négatives. Comme l’a montré l’économiste Joseph Stiglitz, ces réformes d’obédience néo-libérales, axées notamment sur l’austérité budgétaire et la dévaluation de la monnaie, n’atteignent pas toujours leur but et, pire, provoquent le plus souvent, l’effet inverse de celui escompté.