Une dette extérieure de près de 51 milliards de dollars
Mardi 12 avril, le Sri Lanka a annoncé, par l’intermédiaire de Nandalal Weerasinghe, le gouverneur de sa Banque centrale, la suspension du remboursement de sa dette extérieure. Celle-ci est estimée à près de 51 milliards de dollars (environ 47 milliards d’euros). À l’instar du Liban, le Sri Lanka devrait se rapprocher du Fonds Monétaire International (FMI) afin d’obtenir une aide financière.
Pays de 22 millions d’habitants, le Sri Lanka est classé au 72e rang selon l’indice de développement humain (IDH). Le pays dispose ainsi d’un niveau de développement comparable à celui de Cuba, de la Bosnie-Herzégovine ou encore du Mexique.
Au cours de l’année 2022, le Sri Lanka aurait dû procéder au remboursement de 4 milliards de dollars, alors même que les réserves de change de la Banque centrale du pays n’atteignaient plus, en mars dernier, que 1,9 milliard de dollars. Dans ce contexte, le défaut de paiement était inévitable. Les agences de notation avaient d’ailleurs anticipé cette situation. Ainsi, dès le 12 janvier, l’agence Standard & Poor’s, l’une des quatre grandes agences de notation mondiales, avait dégradé la note à CCC+, synonyme de « risque élevé ».
Les raisons du défaut de paiement
La pénurie de devises à laquelle fait face le Sri Lanka s’explique principalement par la conjonction de deux facteurs : une aggravation du déséquilibre extérieur et le recul des entrées de devises.
En dépit de restrictions portant sur l’importation de certains biens considérés comme « non essentiels », le déficit commercial du Sri Lanka s’est creusé en 2021, passant de 6 à 8,1 milliards de dollars. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine en février dernier, le renchérissement des prix des matières premières et de l’énergie accentue, en outre, la pression sur la balance des paiements sri lankaise.
Le Sri Lanka connaît par ailleurs un recul des entrées de devises. À l’instar de ce que l’on a constaté pour de nombreux pays en développement, comme Cuba par exemple, les transferts de fonds envoyés par les Sri Lankais établis à l’étranger (remittances) a reculé de plus de 22 % entre 2020 et 2021, passant de 7,1 à 5,5 milliards de dollars. Deuxième source importante d’entrées de devises étrangères dans le pays, les revenus du tourisme ont également sensiblement décliné depuis le déclenchement de la pandémie de Covid-19. Alors qu’ils s’élevaient à 3,6 milliards de dollars en 2019, les revenus du tourisme n’ont atteint que 682 et 507 millions de dollars respectivement en 2020 et 2021.
Le Sri Lanka traverse une grave crise économique
Selon de nombreux observateurs, le Sri Lanka traverse la crise économique la plus grave depuis 1948, année de son indépendance. Le pays connaît ainsi de nombreuses pénuries de biens de première nécessité, des coupures fréquentes d’électricité et une forte inflation – en particulier sur les produits alimentaires qui ont connu une augmentation des prix de près de 30 % en rythme annuel en mars 2022.